Samedi, 12 décembre 2015, 19 heures 26, Le Bourget, en banlieue de Paris : un coup de marteau feutré sur un tapis vert ébranle l’avenir environnemental et économique de la Planète : « Pas d’opposition, nous avons un accord», déclare avec une assurance remarquable Laurent Fabius, le président de COP 21 et ministre des Affaires Étrangères de la France, à la stupéfaction et aux applaudissements nourris de tous qui s’attendaient à de longs et fastidieux débats sur des points et virgules à l’ouverture de cette plénière.
Par Jacques Rivard, journaliste spécialisé en environnement
Pas de débat: c’est l’unanimité incroyable, inattendue, dans la salle du Bourget, où sont rassemblés les représentants de 195 pays pourtant tous aussi différents les uns des autres, les riches, Canada, France, Allemagne, États-Unis, les dits en émergence, la Chine, l’Inde, le Brésil, les pétroliers, Arabie Saoudite, Vénézuéla, Irak, les plus pauvres et menacés, les Africains et insulaires… « Un accord juste et équilibré, durable, et juridiquement contraignant », a précisé Laurent Fabius. »
Une victoire diplomatique pour la France qui a réussi à obtenir un accord « à l’arraché », après l’échec lamentable de Copenhague en 2009, qui a donné suite à des années de négociations, et, cette semaine encore, à des nuits blanches à essayer de rapprocher les parties, notamment sur le financement de 100 milliards de dollars promis à Copenhague pour aider les pays moins bien nantis à la transition vers des économies « décarbonisées ». Ainsi, à l’horizon de 2020, l’Accord de Paris prévoit maintenant que ces 100 milliards de dollars d’aide seront un « « plancher » à partir duquel on devra ajuster l’investissement selon la somme requise dans le temps.
COP 21 : accord historique technique, contraignant … et volontaire
Ainsi, ce à quoi il sera maintenant convenu de référer dans l’histoire, l’« Accord de Paris » engage l’humanité non plus seulement à contrôler le réchauffement du climat aux 2 degrés annoncés par rapport aux niveaux pré-industriels, mais à tenter plutôt de rejoindre la cible plus contraignante de 1,5 degrés, une proposition de la nouvelle ministre de l’Environnement et du Réchauffement Climatique du Canada, Catherine McKenna, nommée par Laurent Fabius à titre d’une des 14 personnes facilitatrices aux négociations. Une décision de la ministre McKenna qui visera entre autre à sauver la vingtaine d’états insulaires de la montée des océans, tels le Tuvalu ou les Maldives. Et justement, déjà en 1992, avant la conférence de Rio, ces mêmes Maldives qui imploraient ainsi les pays riches : « Vendez vite une de vos voitures, sinon on va se noyer !»…Et le niveau des océans continue de monter, à raison d’un mètre par degré d’augmentation du climat.
Selon le GIEC, le groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, il faudrait réduire les gaz à effet de serre (GES) de 40 à 70% d’ici 2050, et les éliminer d’ici 2100 pour respecter les 2 degrés d’augmentation, et les baisser de 70 à 95% pour rester sous les 1,5 degrés. Et il y a urgence, car l’utilisation des énergies fossiles, charbon, pétrole, gaz depuis 150 ans par les pays développés a déjà fait grimper la température mondiale d’un degré, cette année, l’année 2015 étant déjà reconnue comme la plus chaude de l’histoire moderne. Entre-temps, les mesures annoncées à la COP 21 ne parviendraient même pas à garder l’augmentation de la température aux 2 degrés critiques, mais s’aligneraient plutôt sur 2,7 à 3 degrés… Comme par hasard, dimanche dernier, une météorologue de Radio-Canada notait que son voisin tondait sa pelouse en ce début décembre.
Ce qui est nouveau, dans ces négociations des Nations-Unies sur le climat, c’est la participation des états fédérés, des provinces et des grandes villes du monde où se retrouvent maintenant plus de la moitié de la population du globe. Ainsi, l’annonce surprise du Premier ministre Québécois, Philippe Couillard, à Paris que sa province s’engageait à investir plus de 25 millions de dollars au cours des prochaines années pour aider les pays moins bien nantis à la transition vers les énergies propres en a surpris plusieurs, investissement rejoignant ainsi celui d’un état comme la France qui venait de promettre 2 milliards d’euros d’ici 2020 pour les énergies renouvelables en Afrique. Le Québec qui s’engage dans une politique d’électrification des transports et qui, avec la Californie vient de convaincre les provinces d’Ontario, du Manitoba à le suivre dans l’établissement d’un marché du carbone, alors que deux autres provinces canadiennes, l’Alberta et la Colombie Britannique y vont pour une taxe sur les produits fossiles, au grand dam des pays producteurs de pétrole tels l’Arabie Saoudite, le Vénézuéla, l’Iraq qui s’opposaient à de telles mesures aux négociations de Paris.
Puis il a le secteur industriel, l’éolien, le solaire, vers qui se tournent résolument les pays du sud, l’automobile, Ford qui vient d’annoncer plus de quatre milliards de dollars en nouveaux investissements pour les véhicules électriques, Volvo qui commence à fournir l’Inde en bus hybrides, l’Afrique qui essaie de limiter la désertification par l’aménagement de la Grande Muraille Verte, une plantation de verdure longue de 5 600 kilomètres d’est en ouest à partir du Sénégal. Et les assureurs qui prévoient des dédommagements jamais vus jusqu’ici pour des sursauts climatiques qui se multiplient et qui annoncent des milliards de dollars de pertes et dédommagements. Donc, une nouvelle économie verte en instance.
Des engagements contraignants
Des engagements à la COP 21 contraignants pour certains, comme l’obligation de révision des promesses aux cinq ans, mais d’autres plutôt vagues comme la mention d’aucune date pour atteindre un pic d’émission, selon le groupe écologiste Attac France, un manque de précision, d’ambition dénoncé également par Greenpeace. Du côté Québécois, le groupe Équiterre qualifie tout de même l’Accord de Paris d’historique, à la condition qu’un pays comme « le Canada travaille avec ses partenaires internationaux pour assurer que le niveau d’ambition soit suffisamment élevé pour atteindre l’objectif à long terme ». D’ailleurs, le nouveau Premier ministre Canadien Justin Trudeau a promis de rencontrer les provinces dans les 90 jours suivant son élection pour fixer de nouveaux engagements en environnement, actuellement ceux de l’ancien gouvernement conservateur, soit une réduction de 30 pour cent en 2030 au niveau de 2005.
Comme le précisait le président américain Barack Obama, le plus difficile reste à faire, soit l’acceptation de l’Accord de Paris par chaque pays. Ce dernier pourra entrer en vigueur en 2020, après une ratification du document par au moins 55 pays responsables de 55% des émissions mondiales de GES. Une prévision optimiste du nouveau ministre des Affaires Étrangères du Canada, Stéphane Dion, qui était ministre de l’Environnement en 2005, parce qu’en 10 ans, dit-il, « mauvaise nouvelle, le climat a changé pour le pire, et, bonne nouvelle, les technologies en énergies renouvelables ont grandement évolué ». Enfin, comme pour prouver l’avancée du ministre Dion, les spécialistes du climat reconnaissent que l’économie mondiale plafonne les émissions de GES depuis deux ans.
(crédit photo : France-Diplomatie – Frédéric de la Mure)]]>
Mr Dion est député fédéral de Ville St Laurent depuis longtemps et ardent défenseur du protocole de Kyoto. Pourtant , il a été tant de fois sollicité en raison du rapatriement de l’ aéroport international à Dorval en 2004. Pollution de l’air et pollution sonore insupportables sur la ville, ajoutée au îlot de chaleur préexistant .Pourtant , il n’est jamais intervenu dans ce dossier auprès de ADM qui ,petit à petit , a ajouté des vols surtout la nuit oubliant son engagement des respecter un couvre-feu .
En tant que ministre des affaires étrangères, aura-t-il suffisamment de «punch» pour intervenir dans le domaine de l’environnement ? Quelles mesures au quotidien contre les grosses voitures à un conducteur , les double tuyaux d’échappement , les moteurs au ralenti , les maisons trop chauffées à 23o ,le gaspillage de l’eau?.il aura fallu plus de 15 ans pour commencer à éliminer les sacs en plastique .Toute une mentalité habituée à l’abondance et un comportement égoïste à revoir .
Le premier ministre québécois qui «pavoise » à Paris , ne s’opposera pas à la cimenterie polluante en Gaspésie ni au Plan Nord …Quant à Anticosti, comme c’est peu rentable , on laisse tomber mais ne prétend-on pas respecter, dans cette décision , la nature ! Encore le langage politico-politicien .
Voyons voir comment , les engagements des Premiers Ministres fédéral et provincial seront tenus , la période de grâce une fois terminée … CPF