C’était la question posée à deux grands spécialistes du sujet à l’occasion d’un « concert-causerie » présenté ce mercredi 30 septembre dans le cadre du festival International de littérature (FIL).
Dans une ambiance intimiste et chaleureuse, deux érudits assis sur de simples chaises en bois conversaient. À droite : Pierre Lepape, journaliste, écrivain et figure emblématique du monde littéraire français. À gauche : Pierre Vachon, musicologue et directeur des communications de l’Opéra de Montréal. Dans ce qui semblait être une simple conversation, les deux hommes nous présentaient un tour d’horizon des auteurs et textes littéraires à l’origine des grands classiques de l’opéra. La causerie était entrecoupée de scénettes interprétées par des artistes lyriques, ce qui nous permettait de faire plus aisément le lien avec les titres cités, en plus d’en apprécier les performances.
Dans le public, la surprise était palpable. Les hommes de l’ombre sont souvent d’illustres écrivains. De Beaumarchais à Shakespeare en passant par Goethe et Victor Hugo, nous replongions en fait dans nos classiques de la littérature.
Sollicité par M. Vachon, l’auteur français nous livrait des anecdotes croustillantes sur l’histoire de ces grands écrivains. On apprenait par exemple que Beaumarchais n’était pas un révolutionnaire comme on porte à le croire, « c’était un opportuniste qui voulait plaire », a lâché le spécialiste. Jugé trop subversif, l’opéra-comique de l’illustre écrivain « Le Barbier de Séville » fût interdit par le roi de France, « très certainement parce que les valets triomphaient contre l’aristocratie », suggérait-il. Pour plaire à la cour, Beaumarchais a donc remanié ses textes afin que la pièce puisse être jouée, recentrant ainsi l’histoire sur les turbulences amoureuses.
Le pape de la littérature à Montréal
« C’est le pape de la littérature », lance d’un ton amusé Pierre Vachon en parlant de son invité. « J’étais très nerveux de rencontrer Pierre Le Pape, je le connaissais de réputation, je l’avais également entendu dans des émissions littéraires et j’étais fasciné par son érudition », a confié le musicologue. Ce dernier était d’autant plus nerveux que c’était la première fois qu’il s’adonnait à l’exercice de la conférence en dialogue. C’est Michelle Corbeil, la directrice artistique du FIL, qui a pensé cet événement. Depuis un an, Pierre Vachon anime des conférences à la Grande Bibliothèque où il a pris l’habitude d’être seul sur scène. Par ailleurs, Pierre Le Pape est un invité de marque au FIL. Cette nouvelle mise en contexte proposée par Michel Corbeil était donc un défi pour le musicologue : « Le concert-causerie n’est pas un concept très courant chez nous (ndlr : au Québec) et j’espérais que cette forme et ce rythme plaisent au public ». Pierre Vachon était finalement ravi de constater que le succès était bien au rendez-vous. «C’était fascinant de voir que les gens étaient là avec nous. Nous pouvions ressentir sur la scène à quel point le public était captivé par les anecdotes de Pierre Le Pape», s’est-il enthousiasmé.
Véritable référence au Québec en matière de spectacles littéraires, le FIL s’inscrit de plus en plus dans une volonté de faire des ponts avec d’autres disciplines. Par exemple, on pouvait aussi voir, cette année, un spectacle hommage à Serge Gainsbourg présenté par Michel Piccoli, Jane Birkin et Hervé Pierre. « C’est une façon de multiplier les portes d’accès », a souligné Pierre Vachon.
(crédits photo : Émanuelle Marchadour / Opéra de Montréal)
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