Dès le 3 Février et jusqu’au 6 Mai 2018, le Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM) présente une exceptionnelle collection, dans une exposition intitulée Napoléon – art et vie de cour au palais impérial, pour la première fois en Amérique du Nord. Premier Consul puis Empereur de France, avant d’être détrôné et envoyé en exil, Napoléon est présenté dans son ensemble. Ainsi, l’exposition, créée et organisée par le MBAM, s’attarde non seulement sur le personnage mais surtout sur les messages transportés par les objets et leur agencement.
Par Camille Balzinger et Jacques Simon
« L’idée est née il y a cinq ans », précise Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du musée. En collaboration avec – entre autres – le Musée du Louvre, le château de Fontainebleau, le Mobilier National, le Metropolitan Museum of Art, ou encore le J. Paul Getty Museum, c’est 10 ans après le décès de Ben Weider, donateur de la collection Napoléon (galerie permanente du musée), que l’exposition voit le jour à Montréal avant d’entamer sa tournée américaine et européenne. Elle sera en effet présentée à Richmond du 9 Juin au 3 Septembre 2018, à Kansas City du 26 Octobre 2018 au 3 mars 2019, et à Fontainebleau du 13 Avril au 15 Juillet 2019. D’après Nathalie Bondil, c’est le « meilleur de l’art français du début du 19ème siècle, époque où la manufacture est à son apogée » qui est offert au public.
« Surtout, ce projet, que nous avons initié, a nécessité une recherche approfondie de la part du commissaire et bénéficie de prêts remarquables de nos partenaires. Son sujet inédit lui vaudra de voyager aux États-Unis comme en France. Bienvenue dans la Maison de l’Empereur ! », ajoute la directrice générale du MBAM. Quelque 50 prêteurs prestigieux ont contribué à cette exposition qui s’exportera ainsi à l’étranger durant les deux années qui viennent.
Le palais impérial s’ouvre au public
Napoléon – art et vie de cour au palais impérial fait découvrir le quotidien des six départements qui composent la « Maison de l’Empereur ». Comptant près de 3500 employés, celle-ci s’attache au service de la vie quotidienne et cérémonielle de Napoléon et de sa famille.
Sont alors mis en lumière, à travers les 400 œuvres et objets d’arts exposés, les logiques du pouvoir et les différentes personnes employées au service quotidien des palais français sous Napoléon Bonaparte. Dès l’entrée, les visiteurs de tous âges peuvent également contempler le travail de Laurent Craste dans l’installation interactive Le pouvoir de l’image, sur le thème de l’égoportrait. Le parcours se poursuit dans 11 salles reprenant les différents lieux des palais et endroits où Napoléon a vécu.
Une scénographie innovante recrée le faste des appartements, en intégrant notamment des projections illusionnistes. Le public aura l’occasion de découvrir tableaux, sculptures, meubles, pièces d’orfèvrerie et de porcelaine, tapisseries, soieries et autres habits de cour illustrant l’opulence caractéristique du style Empire, au service du spectacle du pouvoir.
Jean-François Hébert, président du château de Fontainebleau, La maison des siècles, définit la scénographie de l’exposition comme « inventive, amusante, merveilleuse », et précise que de telles collaborations sont possibles grâce aux « liens forts entre les gens, aux amitiés entre passionnés et professionnels ».
La mise en scène du fait politique…
Sylvain Cordier, conservateur des arts décoratifs anciens au MBAM et commissaire de l’exposition, précise qu’il est plus question du régime instauré par Napoléon que de l’homme en lui-même, qu’il n’y a « pas de parti pris, on met simplement le public face aux codes (…) et à la mise en scène du pouvoir ». Si les objets datent donc du début du 19ème siècle, il rappelle que ces derniers sont issus de la « conception d’une propagande dont il est important aujourd’hui d’avoir les codes ». C’est donc la mise en scène du fait politique qui a intéressé Sylvain Cordier, réalisant dès 2015 que c’était l’angle qu’il souhaitait adopter.
Finalement l’exposition montre des objets rares, et pour beaucoup pour la première fois hors d’Europe, en Amérique du Nord. La visite mêle découvertes historiques sur les habitudes de l’époque et contemplations d’objets rares, et donne envie de se (re)plonger dans l’histoire, parfois pour mieux comprendre notre présent.
L’exposition se veut aussi accessible pour ceux qui ne maîtrisent pas toutes les clefs historiques de l’époque napoléonienne. Ainsi, rappels et explications sont présents dans les différentes salles pour que les spectateurs puissent bâtir leur visite à l’aide d’une narration historique claire.
L’exposition s’achève sur les deux exils de Napoléon − sur l’île d’Elbe, puis à Sainte-Hélène −, après sa chute en 1814. Une sélection de rares gravures d’époque des collections de l’Université McGill (Montréal) évoque ces deux épisodes qui concluent son règne. Le prêt inédit d’une volière de Napoléon à Sainte-Hélène illustre métaphoriquement le mode de vie de l’empereur déchu, prisonnier dans son ultime exil, et légende romantique en devenir.
La collection Napoléon du MBAM:
Une vingtaine d’œuvres et objets de l’exposition proviennent de la collection du MBAM. Certains appartiennent à l’importante collection d’objets légués par le collectionneur et historien amateur Ben Weider.
Crédits:
L’exposition est organisée et mise en tournée par le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) avec la participation du Château de Fontainebleau et le soutien exceptionnel du Mobilier national de France.
Napoléon – art et vie de cour au palais impérial, du 3 février au 6 mai 2018, au Musée des Beaux Arts de Montréal: www.mbam.qc.ca/expositions/a-laffiche/napoleon/
(crédit image: Antoine-Jean Gros (1771-1835), Napoléon sur le champ de bataille d’Eylau, esquisse du tableau du Salon de 1808, 1807, huile sur toile. Toledo Museum of Art, purchased with funds from the Libbey Endowment, gift of Edward Drummond Libbey.)