La députée Samantha Cazebonne a été mandatée par le Premier ministre Édouard Philippe d’une mission temporaire de doubler le nombre d’élèves scolarisés dans le réseau d’enseignement français à l’étranger aux alentours de 2030, selon le Journal officiel.
Fraîchement réélue après une première élection invalidée, la députée issue de la majorité devient donc garante d’un engagement majeur pris par Emmanuel Macron devant l’Académie française à l’occasion de la Journée de la francophonie, le 20 mars dernier.
Députée des Français installés dans la péninsule ibérique, Mme Cazebonne est une ancienne proviseure de lycées français au Maroc et en Espagne et est donc particulièrement sensible aux enjeux de cette mission. Le rapport devra être rendu le 15 décembre prochain.
Projet d’envergure et calendrier serré
Deux pistes de réflexion ont été posées par le Premier ministre, toutes deux aussi vastes que complexes.
Mme Cazebonne devra s’intéresser aux « mesures susceptibles de favoriser l’accroissement du nombre d’établissements partenaires », ainsi qu’à la « possibilité de nouvelles stratégies partenariales avec le secteur éducatif privé ».
Pour ce faire, l’ancienne proviseure devra réaliser un travail de terrain. « Il vous appartiendra de consulter largement les acteurs usagers et partenaires de l’enseignement français à l’étranger » a expliqué M. Philippe, rappelant ainsi la démarche effectuée durant les derniers mois par Anne Genetet.
Ce vaste chantier dispose d’ailleurs déjà d’un calendrier très serré. Après la publication du décret en juillet, le mois d’août sera utilisé pour faire des auditions du service du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
Entre septembre et octobre sera lancée la consultation publique et le questionnaire adressé aux anciens élèves, parents, professeurs et élus via la Liste électorale consulaire mondiale.
Une réunion de travail à l’Assemblée nationale de l’ensemble des parlementaires représentant les Français de l’étranger aura également lieu, ainsi qu’une succession d’auditions de différents corps institutionnels liés à l’éducation et la culture française.
En novembre, la députée se déplacera dans les circonscriptions concernées pour « rencontrer les acteurs locaux » avant de publier une tribune à l’intention de l’ensemble des parlementaires et de remettre le rapport au Premier ministre en décembre 2018. Un calendrier particulièrement chargé étant donné l’envergure du projet.
Relation tendue
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron et de sa majorité pour qui les Français de l’étranger avaient voté massivement en mai 2017, les relations avec l’AEFE ont été houleuses.
En effet, en juin dernier, Emmanuel Macron annonçait une coupure de 33 millions d’euros dans le budget de l’AEFE. Cette réduction, représentant environ 10% du budget de l’agence, devrait entraîner la suppression de 500 postes d’enseignants sur trois ans—soit 8% des effectifs.
En dehors des coûts de sécurité et des investissements, aucune subvention ne sera versée en 2018, et, en parallèle à cela, une augmentation de 6 à 9% de la participation financière à l’AEFE des établissements conventionnés a été exigée.
Cette politique avait provoqué une grève inédite le 27 novembre 2017, après que le Syndicat National des Enseignants de Second degré ait dénoncé un « coup brutal porté sur l’Enseignement public ».
Néanmoins, à l’occasion de la Journée internationale de la francophonie, le Président avait présenté un projet ambitieux pour marquer la place de la langue française dans le monde, appelant notamment à donner « un élan nouveau aux lycées français » du réseau de l’AEFE.
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