Ce vendredi, les spectateurs du Québec ont pu découvrir le film Arrête avec tes mensonges qui raconte l’histoire de Stéphane, Thomas et Lucas. En fait, après trente ans d’absence de la région où il a grandi, Stéphane Belcourt (Guillaume de Tonquédec), un écrivain célèbre, y retourne pour parrainer le bicentenaire d’une célèbre marque de cognac. Pendant une séance de dédicace, il rencontre Lucas (Victor Belmondo), celui qu’il comprendra rapidement être le fils de son premier amour, Thomas. En 1984, ils avaient alors 17 ans, assumant ou pas qui ils étaient…
Le cinéaste Olivier Peyon signe, ici, l’adaptation cinématographique, attendue depuis longtemps, de l’œuvre éponyme et autobiographique de Philippe Besson. Dans le film, Philippe Besson fait raconter à son héros que, quand il était enfant, sa mère ne cessait de lui répéter « Arrête avec tes mensonges. » car il inventait des histoires et sa mère ne parvenait plus à démêler le vrai du faux. Il termine en disant qu’il a fini par en faire un métier puisqu’il est devenu romancier.
Dans cette œuvre, Philippe Besson assume pour la première fois, de dire la vérité, sans névrose ni règlement de compte, sur ce premier amour intense et secret qu’il croyait enfoui en lui, mais qui, pourtant, ressortait, inconsciemment, dans la plupart de ses œuvres. (Notamment dans Se résoudre aux adieux, Un garçon d’Italie ou encore Son frère). C’est surement pour cette raison que le récit alterne les moments du présent et les flashbacks permettant progressivement de comprendre les émotions à fleur de peau des acteurs.
La distribution n’est pas nombreuse, mais ils sont tous justes dans leur rôle. Guillaume de Tonquédec qui prend désormais de plus en plus de risques en interprétant des rôles dans lesquels on ne l’attend pas forcément, différent du Renaud Lepic de Fais pas ci, fais pas ca. Il parvient même à mettre en évidence le cheminement que fait cet homme qui va du dénuement et de la frustration provoqué par la privation insupportable de l’autre (même si cette privation date de plus de trente années) à un apaisement délicat, voire chaleureux. On soulignera aussi Victor Belmondo, qui offre un personnage pas si lisse qu’il y parait au premier regard puisqu’il parvient à donner de la consistance et de la présence à ce fils qui ne sait rien de son père, mais s’avère prêt à tout pour le découvrir. Mentionnons aussi Gaelle (Guilaine Londez), la responsable de l’événement auquel assiste Stéphane. Souvent cantonnée aux seconds rôles comiques, elle est, dans ce film, à la fois très juste, un rien cynique, et bienveillante dans son rôle.
Enfin, impossible de passer sous silence le couple formé des deux jeunes amoureux de 1984. Jérémy Gillet y joue un Stéphane Belcourt touchant et à l’aise avec son homosexualité, face à Julien De Saint Jean dans le rôle ingrat de Thomas Andrieu, qui n’assumant pas son homosexualité, fait parfois ressentir son malaise par un comportement brutal et maladroit.
Jamais bien pesant ni moralisateur, ce film ne manque pas d’originalité, contrairement à ce que certains critiques ont pu le laisser penser. Bien sûr, il évoque un amour de jeunesse perdu, mais cet amour n’est peut-être pas si perdu que les personnages peuvent le penser car Il ressurgit fortement quand Stéphane voit Lucas, mais aussi quand Stéphane apprend que Thomas, même s’il n’assumait pas leur relation, ne l’a jamais totalement reniée. Et c’est la que se joue le drame car, quand Thomas ne peut plus supporter sa vie et la quitte pour être qui il est vraiment, ce n’est pas vers Stéphane qu’il va. Guillaume de Tonquédec parvient à rendre magnifiquement la déchirure de l’âme que Stéphane subit alors, lorsqu’il en prend conscience.
Sans être un chef d’œuvre, Arrête avec tes mensonges est un bon film touchant et délicat, bouleversant et intense, parfois mélancolique et douloureux, ou aussi sensible et apaisé. Bref, le film donne envie de se plonger dans le roman de Philippe Besson!