Cette année encore, le Festival de Jazz de Montréal fait la part belle aux artistes français. Après Woodkid jeudi soir, c’est au tour du virtuose Baptiste Trotignon de se produire à Montréal demain soir, en duo avec le new-yorkais Mark Turner.
Alors qu’il vient de fêter ses quarante ans, le pianiste de jazz Baptiste Trotignon est heureux et fier des projets qu’il est parvenu à développer depuis son premier album en 2000 (Fluide). « Je suis fidèle à ce que j’aime, et à ce que j’ai envie de défendre », explique le pianiste.
Ce musicien européen de jazz revendique sa double culture, entre tradition afro-américaine, et tendance européenne mâtinée de musique classique. « J’aime bien l’idée d’être entre les deux », avoue-t-il. Il reconnaît que depuis une vingtaine d’année, un vrai jazz européen est apparu, affirmant sa propre couleur, « un peu moins basé sur l’énergie pure, un peu plus littéraire », alors qu’il y a 50 ans, le jazz européen était quasi-inexistant.
Le duo permet de jouer « acoustique »
C’est justement le saxophoniste Mark Turner qu’il a retrouvé durant sa mini-tournée au Canada, qui l’a mené à Ottawa et Vancouver. C’est avec lui qu’il se produira demain soir à Montréal. Les deux musiciens s’étaient déjà croisés en 2009 sur la scène montréalaise alors qu’ils se produisaient en quintette. Baptiste Trotignon éprouve toujours « un grand bonheur » à jouer avec le New-yorkais. « Dans ce duo, il y a une grande rigueur et une sophistication du langage, et en même temps beaucoup de liberté et de fluidité », ajoute l’artiste français. Il avoue aimer pratiquer les duos qui permettent une communication « de toi à moi », comme une conversation, mais également de jouer « acoustique », avec les vrais sons des instruments.
À l’automne dernier, le duo a sorti un album « Dusk in a quiet place », dont les spectateurs montréalais retrouveront les principales pièces demain soir à l’Astral.
Une autre corde à son arc, la dimension symphonique
Pianiste virtuose, Baptiste Trotignon est également un compositeur qui déborde de projets. Il concède passer de plus en plus de temps à l’écriture, et de plus en plus pour des interprètes classiques. En novembre dernier, il était l’invité de l’Orchestre national de Lille, en tant qu’auteur d’un concerto « Different spaces », interprété par le pianiste américain Nicholas Angelich. Créé en 2012 par l’orchestre symphonique de Bordeaux, le concerto sera enregistré fin août pour une sortie sur disque en 2015. Le pianiste de jazz explique que la dimension symphonique le change de son métier de musicien improvisateur. Il a également écrit des pièces pour deux pianos, « pour Nicholas et moi », souligne-t-il, ainsi qu’un pièce pour un quatuor à cordes. Cet été, au milieu d’un emploi du temps chargé, il prévoit d’écrire une sonate pour flute et piano. En septembre, il sortira « Hit », son nouvel album.
« Durer dans le temps, c’est gratifiant », conclut le pianiste français, qui se dit heureux de pouvoir faire ce qu’il aime. Et lorsqu’on lui demande comment il est devenu pianiste de jazz, il éclate de rire : « Je ne me suis jamais posé la question, donc c’est que ça devait être comme ça!»
Baptiste Trotignon et Mark Turner, en concert à l’Astral, le 29 juin à 21h
(crédit photo : © JEAN-BAPTISTE MILLOT)