Par Jacques Rivard, journaliste en Environnement
Sursaut du prix de l’essence au Québec…On y est habitué…Toutefois, ce qui est nouveau, c’est qu’on montre du doigt un nouveau coupable. En effet, selon les quotidiens le Journal de Montréal et de Québec, c’est la taxe-carbone à laquelle le Québec a adhéré, qui serait en partie responsable de cette augmentation, et non plus pour les deux cents le litre comme prévu, mais bien pour presque le double, soit quatre cents le litre. Et cela, au moment où le Fonds vert créé par le Québec pour réduire les émissions de gaz à effets de serre, en améliorant le transport collectif, déborde de 300 millions de dollars, et où les projets de transport en commun s’accumulent.
Le Québec, réputé écologiste, qui a tout de même réduit ses budgets dévolus à la protection de l’environnement de 14 millions cette année, après une coupe de 9 millions l’an dernier, invitait dernièrement les provinces à une réunion préparatoire à la conférence de Paris, la COP 21, où on doit en décembre prochain établir un agenda visant à contenir à 2 degrés l’augmentation du réchauffement par rapport à l’ère industrielle. Ce même Québec, critiquent les écologistes, qui se dit favorable au passage d’un pipeline transportant du pétrole sale des sables bitumineux de l’Alberta, prétextant que les questions d’énergie doivent être dissociées de l’environnement, et qui approuve l’aménagement d’une cimenterie à Port Daniel en Gaspésie, le projet le plus polluant de l’histoire du Québec.
Calme plat à Ottawa
Des situations qui ont amené le premier ministre Couillard à éviter de commenter les coupes fédérales en environnement, justement au sortir de la rencontre sur les changements climatiques de Québec le mois dernier. Une rencontre au cours de laquelle les provinces ne se sont pas vraiment entendues sur les moyens de juguler les émissions de carbone, soit par une taxe, soit par un marché de permis échangeables, les provinces productrices de gaz et de pétrole s’opposant à toute mesure freinant leurs productions, justement à un moment de chute historique des prix du baril d’or noir.
Du côté d’Ottawa, c’est le calme plat en matière de protection environnementale, le Canada devenant un des rares pays à n’avoir pas remis ses cibles de réductions de GES avant le 31 mars, en vue de la COP 21 à Paris en décembre, et une ministre de l’environnement, Leona Agglukak, qui n’a pas trouvé le temps de rencontrer la secrétaire exécutive de la Convention cadre de l’ONU sur les changements climatiques, Christina Figueres, qui a pourtant fait un détour par Ottawa avant de se rendre à la conférence inter-provinciale de Québec le mois dernier. Madame Aglukkak qui laissait ces jours derniers la présidence du Conseil de l’Arctique, regroupant les huit pays du toit du monde, dont la Russie, au représentant américain John Kerry. Celui-ci déclarait à Iqaluit la semaine dernière que les États-Unis s’attarderaient aux conséquences sérieuses et qui vont s’aggravant, des changements climatiques sur les régions Arctiques, qui se réchauffent plus rapidement que partout dans le monde, la fonte accélérée du pergélisol relâchant des quantités importantes de méthane réputé responsable du réchauffement.
Obama veut un accord mondial
Le Secrétaire d’État américain Kerry rejoignait ainsi la position non équivoque prise plus tôt par le président Obama, qui déclarait en marge de la journée mondiale de l’environnement, qu’il n’y avait pas de plus grande menace pour notre planète que les changements climatiques, précisant que 2014 avait été l’année la plus chaude depuis le début des relevés des températures en 1880. Le président américain se rendait par la suite dans le parc national des Everglades, en Floride, qu’il a qualifié de trésor national menacé par la montée des océans gonflés par le réchauffement des températures et l’érosion des berges. Le président Obama dit souhaiter un accord mondial sur le climat à Paris, pour éviter l’échec terrible de la conférence de Copenhague il y a six ans.
En terminant, alors que l’Ontario joint le Québec et la Californie dans un plan de réduction du carbone, et que l’écologiste canadien David Suzuki réclame rien de moins qu’un droit à un air et à une eau propres, le chef du Nouveau Parti Démocratique et leader de l’Opposition à Ottawa, Thomas Mulcair, note que le gouvernement Harper ne fait aucune mention des changements climatiques dans le budget qu’il vient de déposer, après des coupes dans plusieurs programmes de recherches en environnement. Au même moment, l’Agence Internationale de l’Énergie vient d’annoncer que l’intensité énergétique des économies mondiales, c’est-à-dire le rapport entre la consommation d’énergie et le produit intérieur brut des pays, devrait être réduite de 60% d’ici à 2050 si on veut limiter à 2 degrés l’augmentation des températures d’ici la fin du siècle. Une proposition qui dépasse la majorité des engagements que sont prêts à prendre les pays participants à la conférence COP21 à Paris dans sept mois.
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