Le nouveau Recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), réseau mondial comprenant 800 universités partiellement ou entièrement de langue française, est un économiste. Ex-Recteur de l’Académie d’Aix-Marseille et ex-conseiller ministériel, Jean-Paul de Gaudemar s’est exprimé le 10 mars 2016 à la tribune du CORIM, le Conseil des relations internationales de Montréal.
Par Benjamin Boutin
Analyste en affaires internationales, économiques et stratégiques
Expert associé à l’Institut prospective et sécurité
Invité à la table d’honneur, j’ai pris note de sa volonté de « reconstruire la chaîne entre l’apprentissage et l’emploi ». Car nos universités sont non seulement des institutions de formation et de recherche, de production et de transmission du savoir, mais aussi des « opérateurs de développement économique ».
D’après le nouveau Recteur, l’employabilité des diplômés est un sujet qu’il convient de prendre à bras le corps, en organisant la rencontre entre l’Université et le marché du travail. Il propose notamment que davantage de professeurs aillent découvrir l’entreprise et que davantage d’entrepreneurs viennent donner des cours à l’université.
Fait inquiétant en Afrique, mais aussi en Europe, dans la Caraïbe et ailleurs dans le monde, la dynamique universitaire s’est déployée en parallèle de la dynamique socio-économique. L’Université et le marché du travail ne sont pas suffisamment connectés. C’est, d’après Jean-Paul de Gaudemar, une « aporie » susceptible de mener à de grandes tensions sociales dans les prochaines années.
L’enjeu est donc de construire une relation durable entre les mondes économique et universitaire, en mariant l’universalité et la localité. En effet, l’université a changé d’échelle. D’abord réservée à une élite très minoritaire, elle s’est peu à peu démocratisée et ouverte à tous, ce qui change considérablement la donne.
Il faut inventer l’Université du XXIe siècle, à partir d’un modèle pédagogique datant du XIIIe siècle
Le numérique, qui permet de rejoindre par ses flux un grand nombre de d’apprenants, est la clef pour inventer ce nouveau modèle. Dans cette optique, l’Agence universitaire de la Francophonie se prépare à doter son site Internet d’un « meta-portail », sorte de campus numérique, proposant des cours théoriques, mais aussi de véritables formations numériques, dont un grand nombre en accès libre.
Les universités jouent un rôle essentiel pour enrichir la matière grise, développer et transférer des technologies. L’acquisition de langues, dans le respect de la diversité des langues maternelles, est importante intellectuellement et économiquement, dans la mesure où les êtres parlant une même langue échangent beaucoup plus. En somme, Jean-Paul de Gaudemar estime que « la langue est la monnaie des échanges humains ».
La conférence de Jean-Paul de Gaudemar au Corim
Benjamin Boutin est analyste en affaires internationales, économiques et stratégiques, et expert associé à l’Institut prospective et sécurité.
Il est notamment l’organisateur du colloque « Quelle stratégie pour l’avenir de la francophonie », qui s’est déroulé le 9 mars 2016 à l’ÉNAP, et qui a rassemblé 180 personnes et une trentaine d’experts de la francophonie.
(crédit photo : Nathalie Simon-Clerc)
Crédit photo de Une : Corim – Sylvie-Ann Paré