Par Sarah Laou, Françoise Lallemand et Nathalie Simon-Clerc
Alors que nous venons de célébrer le 70e anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale, l’Opéra de Montréal présente le dernier spectacle de sa saison, Silent Night, l’histoire des soldats français et allemands engagés dans la première guerre mondiale, qui ont fraternisé sur le front le soir de Noël.
Et si les contes de fée existaient « pour de vrai » ? En décembre 1914, les soldats du front sont épuisés. Au fond de leurs tranchées, combattants allemands, français et écossais s’apprêtent à passer la pire des veillées de Noël. Et pourtant, elle deviendra une des plus belles, illustrant ce que « humanité » peut signifier. Alors que les soldats entonnent des chants de Noël, soudain, la cornemuse écossaise accompagne les chants des tranchées allemandes. Ennemis encore hier, les soldats fêtent Noël ensemble, échangeant photos, chocolat et chansons.
Depuis la publication du livre Silent Night en 2001 de l’historien Stanley Weintraub, de nombreux documents concernant cette trêve de Noël ont vu le jour. Plusieurs d’entre eux relatent la visite au front du ténor allemand Walter Kirchhoff. Après avoir chanté pour élever le moral des soldats allemands, il a été surpris par un tonnerre d’applaudissements venant de la tranchée des Français. Cette anecdote a inspiré le personnage de Nikolaus Sprink dans le film Joyeux Noël et l’opéra Silent Night.
Silent night : de la toile à la scène
L’opéra Silent night s’est principalement inspiré du long métrage français Joyeux Noël de Christian Carion sorti en 2005. Basé sur la lecture de milliers de correspondances de soldats au front durant la Première guerre mondiale, le film relate cette trêve du 24 décembre 1914 où les troupes fraternisèrent avec l’ennemi.
Récit d’une nuit de grâce, de rires, de partage, de plaisanteries, dont la messe de minuit est le point le plus émouvant. Réunis autour de chants religieux communs, le temps suspendu, les combattants des tranchés célèbrent Noël. Deux chanteurs d’opéra allemands vont ainsi impulser l’esprit de paix, de fraternité et d’amour aux troupes. Les voix des acteurs sont doublées par les célèbres Natalie Dessay et Rolando Villazon.
Un film humaniste qui dénonce l’absurdité de la guerre et rappelle le pouvoir rassembleur de la musique. Inspiré du film, le livret plurilingue de Mark Campbell offre au compositeur américain Kevin Puts la chance d’exprimer musicalement ce conte de fée pour soldats. Dans les rôles principaux, parmi les meilleurs chanteurs canadiens du moment, on retrouve Marianne Fiset et Joseph Kaiser incarnent les vedettes d’opéra Anna Sørensen et Nikolaus Sprink. L’œuvre a reçu le prix Pulitzer de musique en 2012. L’opéra sera présenté pour la première fois à la compagnie les 16, 19, 21 et 23 mai prochain, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.
(crédit photo Une : Silent Night © Minnesota Opera)]]>
Je ne partage pas votre point de vue: Silent Night, que ce soit le film ou l’opéra, n’est pas un conte de fée.
La Première Guerre a été plus meurtrière pour les soldats que la Seconde.
Les trois chefs de bataillons et les soldats ont été sanctionnés par les autorités militaires , transférés à des endroits plus dangereux où la plupart ont été tués au combat.
C’est un opéra qui finit mal, très mal.
Par contre, c’est un plaidoyer éloquent contre la guerre et ses horreurs. À la fin, on lit des lettres de soldats qui ont été bloquées par la censure. On comprend que, de quelque côté qu’ils soient, les soldats ne sont pas heureux de faire la guerre, de voir leurs amis être blessés ou tués. Les soldats survivants reviennent tous du front profondément marqués pour le restant de leurs jours. La guerre n’est pas un conte de fée
Malheureusement, je doute fort que les chefs d’état comprennent le message.