À l’occasion de la 41ème édition du Salon du Livre de Montréal, le Consulat Général de France à Québec présente, en production avec l’Institut Français, Machines à Lire, une exposition de dix oeuvres numériques présentées via Instagram ou Messenger, sur tablettes ou téléphones intelligents.
Par Camille Balzinger, journaliste
Une exposition qui voyage
Déjà présentée au Salon du Livre de Francfort et de Paris, l’exposition s’exporte à Montréal, dans une scénographie adaptée par La Camaraderie et autour du sujet de l’île. Elle sera exposée à l’entrée du Salon cette année, permettant une grande visibilité pour cette innovation d’expérience littéraire.
Complètement numérisée, et donc dématérialisée, Machines À Lire explore un nouveau mode de lecture, numérique. Elle propose huit formats innovants, incluant entre autres le jeu vidéo, les jeux ludiques dédiés à la jeunesse, les livres enrichis grâce à la réalité augmentée, la réalité virtuelle, et les histoires interactives. Ce sont neuf œuvres numériques et interactives auxquelles le public de tout âge aura accès. Une expérience transgénérationelle, ludique et interactive pour tous.
Laurence Haguenauer, Consule générale de France à Québec, accueille cette collaboration avec beaucoup d’enthousiasme, et voit en Machines À Lire une occasion de faire rayonner la littérature française et francophone, tout en innovant et en s’ouvrant au monde de demain.
Proposer une expérience nouvelle
Pour Olivier Gougeon, directeur du Salon du Livre de Montréal, cette expérience permet « d’utiliser la force du numérique pour raconter du vrai. » Il se réjouit de cette collaboration qui permettra aussi aux auteurs de se rencontrer autour de ce thème encore nouveau, l’évolution du papier vers une édition plus numérique.
Julien Aubert, directeur de la création et CEO chez Bigger Than Fiction, arrivé de France pour le salon, estime que procurer au public un contenu de qualité sur des plateformes virtuelles est une « mission de service public. » Il travaille en collaboration avec Arte par exemple, qui finance à hauteur de 50% la création de la bande dessinée ÉTÉ, disponible sur Instagram uniquement. « Les Instagrameurs laissent un monde lisse, manquant cruellement de point de vue : le public aime les émotions, la vraie vie, et l’humour.» Le Centre National du Cinéma ou la Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique participent également au financement du projet.
C’est pour la saison 3 d’ÉTÉ et pour d’autres projets similaires qu’Aubert est en voyage au Québec : il veut trouver des partenaires. Les concepteurs français vont s’entourer d’auteurs québécois pour continuer d’ancrer leurs récits en des endroits qu’ils connaissent. « On a remarqué que les gens aiment lorsqu’on localise précisément les histoires, » précise M. Aubert.
Des problématiques endémiques au numérique
Si les financements sont publics, il rappelle que les plateformes telles qu’Instagram ou YouTube sont des multinationales américaines, et que le pari soutenu par Arte est audacieux. « Si Instagram supprime notre contenu, on ne peut rien y faire. » Ce sont cependant ces espaces-là qu’il est nécessaire d’occuper, également pour « susciter des réactions différentes chez le public », précise Olivier Gougeon.
Le mode de consommation de la littérature change. Une plateforme telle qu’Instagram par exemple, retient le public pour un court laps de temps au courant de la journée, et un plus long en début de soirée. Aubert explique travailler avec des community managers en permanence, pour comprendre la consommation des lecteurs sur Internet et leurs centres d’intérêts.
Le Salon du Livre de Montréal se tiendra du 14 au 19 Novembre prochain, comme chaque année à la Place Bonaventure. Il accueillera plus de 2500 auteurs en dédicace.
On y retrouvera ÉTÉ, produite par Julien Aubert, écrite par Joseph Safieddine (Fluide Glacial), Thomas Cadène et Camille Duvelleroy, et colorisée par Céline Badaroux.
(crédit photo: Camille Balzinger)