Adapté du roman de Sylvain Tesson « Dans les forets de Sibérie », le film éponyme était présenté en première Nord-Américaine lors du festival Cinémania (du 3 au 13 novembre). Le public a pu découvrir ce bijou, qui laisse pantois face aux paysages sibériens.
Dans les forêts de Sibérie, retrace l’histoire d’un homme, qui décide un jour d’aller vivre six mois de sa vie sur les bords du lac Baïkal en Sibérie. Cette histoire, c’est celle de l’aventurier, Sylvain Tesson qui a réuni ses journées de solitude et ses sentiments dans un livre. Le film du même nom est largement inspiré du livre, même si le réalisateur Safy Nebbou a choisi d’y ajouter un personnage, une part de cinéma. Mais même avec ses rajouts, le film reste fidèle à l’esprit de découverte qu’avait Sylvain Tesson lors de son aventure. Dans les forêts de Sibérie a été tourné à échelle humaine, sans tous les gros moyens d’un film classique. Mais la beauté des images est à couper le souffle. On se demande presque comment de tels paysages peuvent être réels.
Le tournage en Sibérie
Raphaël Personnaz campe ici le rôle de Teddy, cet homme un peu fou qui plaque tout pour s’éloigner du monde, le temps de quelques mois. Il vit son rêve, comme beaucoup aimerait le faire. Selon l’acteur, « profondément en chacun de nous, chaque personne rêve de faire des dingueries comme lui a pu faire. » Raphaël Personnaz n’a pas joué qu’un rôle, il s’est aussi installé pendant trois mois en Sibérie pour le tournage. Une expérience de vie enrichissante et parfois déroutante: « J’ai entendu un silence que je n’avais jamais entendu. D’un coup, j’étais obligé de claquer des doigts pour me figurer que je ne rêvais pas. Même les voix là-bas étaient plus basses, on s’entend très bien, on n’a pas besoin de forcer. Le temps se calme. » Le lac Baïkal avec ses 700 km de long et 80 km de large est devenu un lieu de tournage unique, parfois irréel par son immensité. « Quand on se retrouve face à un tel espace de liberté, on n’est pas habitués du tout. On a du mal à déconnecter, et au bout de deux trois jours, on s’apaise. J’avais regardé des images, des reportages, mais ce n’est rien à côté de la réalité. Comme quoi un écran n’en remplacera jamais la vision humaine et les sensations qu’on peut avoir là bas », explique le comédien.
Au-delà du tournage, Raphaël Personnaz a vécu une expérience incroyable: « c’est probablement le genre de film qu’on ne fait qu’une seule fois dans sa vie. C’est le rôle qui me ressemble le plus au final. » Des scènes intenses, dans un environnement protégé et loin de toute agitation de la ville, « Je n’avais aucune envie de rentrer en France. C’est très compliqué de se réadapter à la vie de tous les jours. On ne se réadapte vraiment jamais, je crois », ajoute-t-il.
Des Autochtones comme acteurs
Lors de l’installation de l’équipe de tournage en Sibérie, des Autochtones s’y sont joints. Parce qu’il n’y a rien de mieux que des gens qui connaissent leurs pays, leur lac pour en parler… Ou en tout cas, pour faire comprendre leur mode de vie. Raphaël Personnaz ne partageait pas la même langue que les locaux, pourtant, grâce aux gestes, aux regards, tout est compréhensible: « Quand on se retrouve face à ces gens dont le quotidien est de pêcher, de chasser, si vous feintez dans vos émotions, si vous en fêtes trop, vous êtes ridicule. » D’ailleurs, pendant toute la durée du film, les dialogues sont savamment distillés, les moments de silence, de solitudes sont nombreux, mais ils ne sont absolument pas pesants. Tout est très bien dosé, pour faire comprendre au maximum à quel point cette nature est belle, calme et éternelle.
Dans les forêts de Sibérie vous fait voyager, dans un pays lointain, dans une solitude voulue par le personnage. Même si comme lui, nous ne partons pas vivre sur les bords du lac Baïkal pendant quelques mois, on peut facilement s’y croire. Les images sont somptueuses, et la musique d’Ibrahim Maalouf rajoute un soupçon de poésie supplémentaire. Il faut cependant faire très attention, ce film pourrait provoquer des envies de dépaysement soudain!
En salle au Québec depuis le 11 novembre 2016