La Chambre de Commerce française au Canada accueillait un hôte de marque hier, dans la cadre de sa Convention d’affaires, qui se déroule du 24 au 25 mars à Montréal. L’ancien Premier ministre du Québec, Jean Charest, est venu décrypter les enjeux de l’AECG devant un auditoire de 280 personnes, et n’a pas manqué de rappeler le rôle déterminant de la France et du Québec dans cet accord.
La crise en Ukraine et les tensions avec la Russie se sont invitées dans la conférence de Jean Charest. L’ancien premier ministre estime que la relation transatlantique est plus importante que jamais, car les Européens, qui dépendent du gaz russe pour 30% de leur approvisionnement, pourraient se tourner vers l’Amérique du nord. À ses yeux, l’Accord Économique et Commercial Global (AECG), signé entre le Canada et la France en 2013, pourrait bien peser de tout son poids dans la définition des règles du commerce mondial dans les prochaines années.
Un appui français déterminant
Jean Charest n’a pas manqué de rappeler que le gouvernement libéral qu’il dirigeait est à l’origine de cet accord. Il a rendu hommage à Raymond Bachand, son ancien ministre des Finances, et à Pierre-Marc Johnson, ancien Premier ministre, et négociateur en chef du Québec dans le cadre des négociations pour l’AECG. Mais il a également souligné le rôle déterminant de la France dans l’initiation de cet accord. « L’appui de la France a beaucoup pesé dans la décision de l’Union Européenne », affirme l’ancien Premier ministre. En 2007, Le Président Jacques Chirac, puis le Président Nicolas Sarkozy à partir de 2008, ont joué un rôle important, selon Jean Charest. Il souligne également le travail de l’ancien Consul de France à Québec, François Alabrune. L’AECG s’est fondé sur l’entente France-Québec sur la mobilité de la main-d’œuvre et la reconnaissance mutuelle des qualifications. « C’est une des ententes les plus avancées au monde! », a-t-il affirmé.
Mais c’est aussi la France, en tant que porte d’entrée vers l’Europe, que Jean Charest a vanté. « Comme le Québec est la porte d’entrée en Amérique pour les Européens », a-t-il ajouté.
Le Québec, sur la route du commerce américano-européen
Jean Charest n’a pas manqué de rappeler l’importance des échanges commerciaux entre la France et le Canada, qui se montaient à 8,6 milliards de dollars en 2011. La France est le troisième partenaire mondial du Canada, et les investissements français dans ce pays sont de plus de 15 milliards de dollars. « C’est substantiel pour notre économie », a-t-il affirmé. Il a souligné la trop forte dépendance du Canada au marché américain, et a rappelé que le marché le plus riche du monde reste l’Europe avec ses 500 millions d’habitants. « Avec l’Aléna, le Québec et le Canada sont au milieu d’un marché de 900 millions d’individus. Nous allons devenir une route du commerce », a lancé l’ancien Premier ministre. Il a également ajouté que « le marché canadien est trop petit pour soutenir notre niveau de vie, et que nous devons aller créer de la richesse ailleurs ».
Le secteur de l’énergie et des mines est pour Jean Charest, celui qui s’annonce le plus prometteur. Il a indiqué que EDF-GDF est très présent au Canada, notamment dans le secteur éolien, et que 60% de la capitalisation boursière mondiale du secteur minier se trouve à la bourse de Toronto.
Même si l’AECG n’est pas complètement finalisé, Jean Charest a indiqué que, pour la première fois dans l’histoire du Canada, toutes les provinces et les territoires ont participé directement à la négociation, et que le Québec a pesé de tout son poids dans cette entente. « L’Europe avait bien compris l’enjeu, conclut l’ancien Premier ministre, car pour avoir accès aux marchés publics, il fallait engager les provinces ».
(crédit photo : Rozenn Nicolle)