L’hiver québécois était bien loin lorsque les Réunionnais du Québec se sont retrouvés au bar le Parc des Princes le 20 décembre sur l’avenue Parc à Montréal !
Venus de partout au Québec, une centaine de Français de La Réunion ont célébré la Fêt’Kaf’dans une bonne humeur communicative, l’abolition de l’esclavage sur l’île il y a 166 ans, en français et en créole. « Le Kaf à La Réunion, c’est le noir », explique Maryeve Boyer, l’une des organisatrices. Cette Réunionnaise vit au Québec depuis 15 ans, ou elle a fondé une famille.
« La force de la Réunion, c’est ce grand métissage »
Les Réunionnais du Québec sont le reflet de la communauté historiquement métissée de l’île de 800 000 habitants, et communient dans une même culture, mâtinée de toutes ces influences qui ont traversé l’Océan Indien au fil du temps : européens, indiens, africains et chinois se sont croisés et ont fondé une société unique au monde.
« Ce qui fait la force de la Réunion c’est ce grand métissage, et toutes les ethnies qui cohabitent. Nos différentes origines et nos différentes couleurs font partie de notre ADN », explique Cédric Fontaine, originaire de la commune de Tampon, au sud de l’île. Un exemple qui réconcilie avec le genre humain. Arrivé au Québec en tant qu’étudiant, il est resté pour répondre à une opportunité d’emploi, et compte rester quelques années encore.
Percussions, chansons créoles, danses maloya et carry massalé ont rythmé la soirée d’une communauté qui éprouve le besoin de se retrouver régulièrement, et qui se définie entre elle comme « 974 », les trois premiers chiffres du code postal du département français.
Une communauté qui a doublé en 10 ans
La communauté réunionnaise du Québec compterait un millier de personnes aujourd’hui. Maryeve Boyer estime qu’elle a doublé en 10 ans, mais que cette communauté, composée majoritairement d’étudiants, n’est pas encore très stable. « Ils viennent profiter de frais de scolarité abordables », admet-elle. Elle-même est arrivée pour découvrir l’Amérique à moindre frais. De plus, le Québec est une province nord-américaine francophone. « Le français joue un rôle primordial dans notre choix. », ajoute-t-elle.
L’association Réunion-Québec « nou lé là » organise des événements régulièrement, à chaque saison, pour tenter de fédérer la diaspora. Elle dispense également de nombreux conseils pour l’immigration, le travail ou les inscriptions dans les écoles. Mais les affinités culturelles sont au premier plan. « Ça fait du bien de se retrouver de temps en temps, de causer un peu créole et de partager un bon carry », avoue Maryeve Boyer.
Plus que l’hiver, c’est la distance…
Car la distance, autant que l’hiver québécois, pèse sur ces lointains îliens de l’Océan Indien. Cédric Fontaine ne sait pas combien de temps il compte rester au Québec. « Ça va dépendre, combien d’hivers je tiens! », lance le jeune Réunionnais. C’est l’été en ce moment à La Réunion, et la température dépasse les 25 degrés.
« Le climat est dur à vivre, mais c’est surtout la distance qui fait craquer », explique Maryeve Boyer. Plus de 15 000 kilomètres séparent Montréal de Saint-Denis, capitale de la région-département français de La Réunion. Le billet d’avion se négocie entre 1 500 et 2 000$, et 18 heures d’avion sont à prévoir, en dehors des correspondances. Les Réunionnais tentent de rentrer tous les deux ou trois ans, mais doivent réunir un budget colossal s’ils partent en famille. De plus, les employés des entreprises québécoises doivent disposer de suffisamment de vacances. « C’est humainement et émotionnellement impossible de rester uniquement deux semaines », plaide Maryeve Boyer.
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Pour en savoir plus :
– L’association Réunion-Québec
– La page Facebook de l’association
– Carnet d’une réunionnaise à Montréal