Par Maëlle Besnard et David Provost-Robert
Journaliste pour l’Outarde libérée
C’est dans une salle du restaurant « La Casa del Popollo » qu’a eu lieu, le 3 mai dernier, le lancement de la campagne de la liste « l’Humain d’abord », mené par Philippe Molitor. Soutenus par le Front de gauche, les candidats aux élections consulaires ont rencontré des partisans afin d’échanger sur divers enjeux de la campagne.
Une quinzaine de personnes étaient présentes à la rencontre. Plus qu’un lancement de campagne, les participants ont pu informer les colistiers de leurs préoccupations. C’est dans une atmosphère conviviale que les gens ont discuté de différents problèmes spécifiques aux immigrants.
La question de l’information des nouveaux arrivants a été abordée. « J’aimerais que nos intérêts soient mieux défendus car nous avons des droits mais nous ne les connaissons pas», explique Céline Dupuis-Lévy, arrivée au Canada depuis un an et demi. C’est pour répondre à ces inquiétudes que la liste l’Humain d’abord souhaite demander la création de postes de conseillers pour l’emploi et d’assistants sociaux. « Lorsqu’on est français et qu’on va au consulat, il n’y a pas de service. Rien sur les services sociaux qui sont offerts au Québec, comme la retraite. Ne pourrait-il pas y avoir quelqu’un pour les aider, ne serait-ce qu’une brochure ? » s’interroge Philippe Molitor, la tête de liste « L’Humain d’abord ».
« Une autre politique de gauche est possible »
Bien que la liste soit investie par le Front de gauche, plusieurs colistiers ne soutiennent pas explicitement cette coalition. Tous se rassemblent sur cette liste, car ils en partagent les préoccupations sans être nécessairement militants du mouvement qui les soutient.
Pour eux, les priorités du Parti socialiste diffèrent. Déçus des politiques de l’actuel gouvernement, plusieurs partisans présents ont affirmé qu’ils n’auraient pas soutenu cette liste si elle s’était associée avec le PS. « Je voulais absolument pouvoir voter. Comme je ne me retrouvais plus dans aucuns partis depuis pas mal de temps et que j’en avais assez d’avaler des couleuvres, je voulais que cette liste existe», explique Rémy Regouffe, numéro 9 de la liste.
« Si vous êtes de gauche, vous avez deux choix. Vous pouvez voter pour la liste soutenue par le Parti socialiste si vous trouvez que François Hollande a fait du bon travail. Mais honnêtement, si vous pensez qu’une autre politique de gauche est possible, qu’on peut mener une politique plus solidaire avec davantage de justice sociale, et bien il y a une alternative pour vous », affirme Philippe Molitor, qui mène la liste « L’Humain d’abord ». En ce qui concerne la troisième liste de « gauche », celle dirigée par Sophie Mohsen, il la critique en soulignant sa discrétion durant la campagne, tout en dénonçant le fait qu’elle n’ait pas fait de rassemblement politique et qu’elle n’ait pas de site web. « Je crois qu’elle n’a pas la légitimité et le soutien d’un parti reconnu, ce n’est donc pas un véritable choix de gauche », renchérit-il.
« J’ai appris des choses aujourd’hui », souligne monsieur Molitor. La démocratie participative est l’un des piliers de son programme. Ce dernier s’est d’ailleurs engagé à tenir des réunions régulièrement et propose de mettre en ligne les libellés des rencontres entre les différents conseillers qui seront élus le 24 mai prochain.
Vincent Soumoy, le numéro deux de la liste « Union des républicains de Droite et du Centre avec le Soutien de l’UMP et de l’UFE », était présent à la réunion en tant qu’observateur. « Ce n’est pas parce qu’on est en désaccord qu’on ne peut pas s’intéresser l’un à l’autre», justifie-t-il.
Un reportage de Maëlle Besnard et David Provost-Robert
(crédit photo : Rpzenn Nicolle)
Effectivement, le front de gauche n’est pas un parti. Cette erreur sera corrigée dans l’article. Merci pour cette précision!
Je tiens à apporter une précision à votre article (très bien écrit, au demeurant) : vous dites, je cite, « Bien que la liste soit investie par le Front de Gauche, plusieurs colistiers ne soutiennent pas explicitement ce parti ».
Ça peut vous paraître un détail (mais pour nous, ça n’en est pas un) : le Front de Gauche n’est pas un parti. C’est un mouvement, une coalition de partis politiques, initiée par le Parti de Gauche (PG), le Parti communiste français (PCF) et la Gauche unitaire (GU) lors des élections européennes de 2009, pour rassembler les forces de la gauche antilibérale, hostiles notamment à l’Europe libérale et à la ratification du traité de Lisbonne. Aujourd’hui, le Front de Gauche rassemble 9 partis (le Parti de Gauche, le Parti communiste français, la Fédération pour une alternative sociale et écologique, République et socialisme, Convergences et alternative, le Parti communiste des ouvriers de France, la Gauche anticapitaliste, le mouvement politique Les Alternatifs ainsi que le mouvement Ensemble). Le Front de Gauche est donc en soi un « Rassemblement des Français de Gauche », mais nous n’utiliserons pas cette dénomination dans la campagne car elle a déjà été utilisée (j’allais dire préemptée) par une autre liste (celle soutenue par le PS).
Quant aux candidates et candidats de la liste « L’Humain d’abord » (soutenue par le Front de Gauche), c’est exact que certain(e)s sont encarté(e)s dans des partis membres de la coalition Front de Gauche (4 candidats sont membres du Parti de Gauche, notamment) et ils sont clairement identifiés comme tels sur notre circulaire électorale. D’autres sont de simples citoyen(ne)s, issu(e)s de la société civile, qui se sont joint(e)s à nous à la faveur d’une assemblée citoyenne le 1er mars à la Casa del Popolo à Montréal, afin de proposer une alternative aux électeurs de gauche dans notre circonscription. C’est en quoi notre liste se prétend citoyenne (et solidaire).
Philippe Molitor
Une précision importante de Philippe Molitor. Merci !