Par Maëlle Besnard
Journaliste pour l’Outarde libérée
Alors que Philippe Couillard envisage d’augmenter les frais de scolarité des étudiants francophones, le gouvernement Harper pourrait bien venir à leur rescousse indirectement. En effet, dès le 1er juin 2014, les étudiants étrangers n’auront plus à demander un permis de travail pour travailler en dehors du campus. Le permis d’études fera automatiquement office de permis de travail.
« On prévoit que ces mesures contribueront à réduire les cas de fraude au sein du Programme des étudiants étranger, permettront d’améliorer les services globaux offerts aux étudiants étrangers et aux établissements d’enseignement, et renforceront la réputation du Canada en tant que destination de choix pour les étudiants étrangers », explique Rémi Larivière, l’un des porte-parole de Citoyenneté et Immigration Canada (CIC). D’ici le 1er juin, les provinces et les territoires doivent établir une liste d’établissements désignés, qui seront les seuls aptes à accueillir des étudiants étrangers. Actuellement, tous les établissements d’enseignement peuvent recevoir des étudiants internationaux. Selon CIC, certains établissements ne sont en fait que des « moulins à visa » dans lesquels les étudiants ne sont soumis à aucunes contraintes.
« CIC prévoit que l’élimination des demandes de permis de travail hors campus, de même que les réductions prévues des demandes d’étudiants non authentiques, réduiront les coûts du traitement des demandes de 32 millions de dollars au cours des 10 prochaines années », ajoute M. Larivière. Actuellement, les étudiants ont l’obligation d’étudier à temps plein pendant six mois, puis doivent déposer une demande de permis de travail s’ils veulent travailler en dehors du campus. Ces exigences tombent avec le nouveau règlement.
La nouvelle règlementation au Québec
En ce qui concerne l’application du règlement au Québec, l’heure est encore à la mise au point. Du côté de CIC, on confirme que le règlement s’appliquera, dès son entrée en vigueur, aux étudiants des établissements désignés déjà détenteurs d’un permis d’études. La réponse est plus vague de la part du Ministère de l’enseignement supérieur, recherche, sciences et technologie du Québec (MESRST). « Le ministère suit et suivra de près la transition vers cette nouvelle réglementation, puisque le Québec détient la compétence exclusive en matière d’éducation. Et notez que des rencontres ont toujours lieu entre le Québec et le gouvernement fédéral à ce sujet », commente le porte-parole Pascal Ouellet.
Si Philippe Couillard confirme sa volonté d’augmenter les frais de scolarité des étudiants français, beaucoup d’entre eux seront ravis de pouvoir travailler en dehors du campus, dès leur arrivée au Canada. « Si ce règlement était rentré en vigueur avant mon arrivée au Canada, cela m’aurait encouragé à postuler encore plus tôt », reconnait Grégoire Merad, un étudiant français de l’Université de Montréal. « Les étudiants qui ont fait un prêt pour leurs études pourront commencer à le rembourser plus vite », souligne l’étudiant.
Le revers de la médaille, c’est que les conditions d’obtention d’un permis d’études pourraient être renforcées. « Après l’entrée en vigueur des modifications, les agents de CIC auront le pouvoir de demander des preuves aux titulaires de permis d’études pour vérifier le respect des conditions liées à ce dernier », explique le porte-parole de CIC. Actuellement les vérifications ne sont effectuées qu’au moment du dépôt de la demande.
(crédit photo : Université de Montréal)