Un an après l’implantation de ConcoursMania au Québec, l’heure est à un premier bilan pour son PDG Julien Parrou, par ailleurs très actif dans le tissu économique bordelais. Présent au WAQ cette semaine, le dirigeant avance sa stratégie québécoise.
Il a la fibre entrepreneuriale, Julien Parrou. Il n’y peut rien. C’est comme ça. Le Président-Directeur-Général bordelais du Groupe ConcoursMania se souvient très bien de la réaction de son père médecin lorsqu’il lui a annoncé qu’il arrêtait ses études de droit: « Il était ravi! » ironise-t-il. À la fonction publique, Julien Parrou lui préfère le monde de l’entreprise. Car, il a une idée. Une idée visionnaire: créer une activité de jeux marketing pour les « boîtes » commerciales. Vingt plus tard, il est à la tête du plus grand groupe de jeux-concours d’Europe.
L’an dernier, après une visite du Québec organisée conjointement par la mairie de Bordeaux et un groupe d’entrepreneurs girondins, Julien Parrou décide de s’y développer. Depuis, ConcoursMania Canada fait des petits. Avec un seul employé et des bureaux partagés avec d’autres start-ups en guise de siège social montréalais, le groupe français a signé ce lundi un accord d’acquisition avec la Société Mastodonte Interactif. Il a racheté les actifs de trois sites1 canadiens spécialisés dans les jeux-concours, qui totalisent à eux seuls près de 12 millions de vues chaque mois.
Une implantation réussie
Avec une population plus faible qu’en France et un budget marketing on-line et publicité équivalent à celui du marché français dans le secteur, « il y a, au Canada, un vrai potentiel d’expansion », affirme l’entrepreneur bordelais. En janvier, la filiale a créé la plateforme touslesconcours.ca qui répertorie tous les jeux-concours québécois sur le Net. Mais attention, Julien Parrou se défend d’arriver en terrain conquis: « Nous voulons nous impliquer et nous intégrer durablement en évitant les erreurs des entreprises françaises qui s’exportent. Pour s’adapter au marché et à la culture d’un pays, il faut savoir faire preuve d’humilité », explique-t-il. Le dirigeant souhaite à ce titre recruter localement: « Nous voulons travailler avec des Québécois et des Canadiens. La grande erreur serait de n’embaucher que des Français», argumente-t-il.
Car, en un an, s’il y a bien une chose que Julien Parrou dit avoir apprise en se développant au Québec, c’est que la culture y reste différente malgré l’usage d’une langue commune. Point positif pour lui en revanche, la juridiction québécoise sur l’entrepreneuriat qui s’est avérée plus souple que ce à quoi il s’attendait. « Il y a moins de normes ici, ça change de la France! », plaisante-t-il. Résultat: ConcoursMania Canada affiche déjà un million d’euros de chiffre d’affaires à l’heure du bilan annuel. « Le démarrage a été bon. Maintenant, on se renforce. Donc, c’est plutôt positif », analyse-t-il. Mais le PDG garde la tête froide : « On ne va pour autant aller plus vite que la musique, il faut avancer pas à pas », raisonne-t-il.
Une fois abordé le marché québécois, c’est à la partie anglophone du territoire que ConcoursMania Canada s’attaquera, « d’ici un an ou deux » selon les estimations de Julien Parrou. Alors, le Québec, porte d’entrée vers l’Amérique du nord? Pas vraiment. Le leader du jeu-concours sur Internet en Europe se concentrera essentiellement sur le Canada. ConcoursMania n’a pas pour projet de se développer aux Etats-Unis. « C’est un marché à part, explique son numéro un. Ce n’est pas dans nos plans d’y installer une activité ».
Développer les liens franco-québécois dans l’entrepreneuriat
Il faut dire que Julien Parrou est bien occupé ces temps-ci pour s’occuper du marché américain… Très impliqué dans le système économique de la région bordelaise et fort de son activité au Québec, il a été désigné correspondant de French Tech Bordeaux au Québec par Alain Juppé, maire (UMP) de Bordeaux, et Philippe Couillard, premier ministre du Québec, lors de la visite de ce dernier en terres girondines début mars. A peine nommé, le dirigeant du groupe fourmille d’idées. Il entend créer un partenariat pour développer la croissance des ‘’jeunes pousses’’ de la French Tech Bordeaux et celles de la région québécoise. Celles qui souhaitent découvrir le marché français voire européen pour s’y installer, pourraient d’abord passer par les contacts bordelais, bénéficier de leurs réseaux, de leurs bureaux et d’un accès aux ressources humaines.
Il propose également que des emplois soient réservés dans les start-ups de part et d’autre de l’Atlantique afin de favoriser la croissance des jeunes pousses bordelaises et québécoises. L’idée est d’accélérer les projets entrepreneuriaux par les levées de fonds, le mentorat et l’accompagnement à l’international. « Je compte bien mettre mon temps et mon énergie au service de ce projet pour tisser des liens entre nos deux régions », dit-il avec enthousiasme. Et Julien Parrou n’a pas perdu son temps. Cette semaine, son emploi du temps était déjà bien rempli entre une participation au Web Au Québec (WAQ) et des rendez-vous avec quelques membres du Gouvernement et des Chambres de commerce. Il se donne encore un an pour faire un point d’étape de cette coopération. Le rendez-vous est pris.
1 kadogagnant.ca, toutacoup.ca et wannawin.ca
(crédit photo : Groupe ConcoursMania)