Lors d’un petit-déjeuner conférence organisé par la Chambre de Commerce et d’industrie Française au Canada au Ritz-Carlton de Montréal le vendredi 16 octobre, le directeur de publication du célèbre magazine a fait un état des lieux du journalisme actuel et est venu défendre la presse magazine, qui, selon lui, a toujours de belles années devant elle.
Par Rozenn Nicolle
Créé en 1949, arrivé au Québec en 1968 et classé premier titre de presse importé au Canada, Paris Match n’est plus à présenter d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique. Et ce n’est pas peu fier qu’Olivier Royant, directeur de la publication du célèbre journal, est venu parler de son média devant la Chambre de Commerce et d’Industrie Française au Canada (CCIFC) qui le recevait vendredi dernier dans le cadre de son premier petit-déjeuner conférence de la saison. Fraîchement sorti du congrès mondial du FIPP (Association Internationale des médias magazine) qui avait lieu à Toronto du 13 au 15 octobre, Olivier Royant s’est voulu rassurant sur la situation actuelle de la presse papier, pourtant en déclin depuis des années et annoncée parfois comme obsolète. « Soit on se désespère et on se dit que c’est terminé, soit on se dit qu’on est devant un nouvel âge d’or du journalisme et qu’il faut innover ».
« Jamais la société n’a autant été passionnée par l’actualité »
L’innovation, c’est bien là le mot-clé de la conférence de l’ancien reporter, maintenant à la tête d’un des magazines les plus connus et les plus vendus dans le monde. « Jamais la société n’a autant été passionnée par l’actualité », constate-t-il, mettant en avant l’évolution du mode de consommation de l’information. Selon lui, le journalisme a évolué et se présente aujourd’hui sous trois formats : le « slow journalism » ou le journalisme lent, celui de la presse magazine par exemple, celui qui s’inscrit dans la durée et qui prend plus de temps, et que l’on consomme quand on le veut. Ensuite, il identifie le « fast journalism », qui, en opposition au premier, est basé sur sa rapidité, c’est le journalisme d’internet, l’information en continue. Et enfin, Olivier Royant évoque un journalisme d’interruption, l’information qui nous est envoyée directement sur notre mobile, celle qu’on ne va pas chercher mais qui vient nous interrompre, celle qui s’est bien évidemment développée depuis quelques années et qui est un enjeu des tournants numériques de nombreux médias. « Il existe 7,1 milliards d’humains sur terre, 6,2 milliards de smartphones, et 4 milliards de gens ont accès à l’eau potable », affirme-t-il, faisant ainsi réfléchir son audience sur l’importance des mobiles sur le marché de l’information.
[caption id="attachment_12311" align="aligncenter" width="640"] Olivier Royant lors du petit-déjeuner conférence de la CCIFC, le 16 octobre au Ritz-Carlton de Montréal. (Rozenn Nicolle)[/caption]« Il y a peut-être un désintérêt pour le papier, concède-t-il, mais pas pour les sujets que l’on couvre » tout en rappelant que les revenus de Paris Match proviennent toujours à 80% de son édition papier. Pour le directeur de publication, c’est principalement la nostalgie des anciens modèles économiques qui empêche une vision positive de l’avenir de la presse écrite : « Il y a de la nostalgie pour ces anciens modèles car c’était des modèles profitables. Aujourd’hui, c’est le grand brouillard autour des modèles économiques qui vont se développer. Le média de dans 10 ans n’est pas inventé encore. »
Protection de la valeur et dimension participative
Facile à dire cependant, pour une institution comme Paris Match. Le magazine qui est toujours très prolifique ne semble pas touché par cette crise de la presse écrite. Pour Olivier Royant, cela s’explique par cette volonté d’innover, certes, mais également par la philosophie du média. « Nous sommes dans un modèle de protection de la valeur », explique-t-il, « faire de la valeur coûte cher, et notre modèle c’est aussi de ne pas brader notre publicité. Vous ne pouvez pas annoncer chez Match, tant pis, ce sera pour le mois prochain », tranche l’homme d’affaire.
Réputé pour son attachement aux reportages photographiques, Paris Match a également développé une « dimension participative ». Lors du 14 juillet, l’événement Ma France en photo a permis de composer un album géant comprenant les images envoyées par les lecteurs au cour de la journée de la fête nationale française, principe qu’Olivier Royant compte reprendre pour la COP21. « On veut rassembler des photos et les apporter aux chefs d’état dès leur arrivée à Paris pour les sensibiliser. Paris, c’est un grand enjeu, pas question de se quitter sur un échec comme Copenhague », s’est-il exclamé. Et s’il considère son média comme engagé pour l’environnement, il refuse d’avouer une quelconque allégeance politique : « Notre engagement est du côté de l’événement, nous ne somme pas un journal idéologique ».
Le conférencier s’est ensuite soumis aux questions de son auditoire avant d’annoncer un retour très prochain dans la Belle Province afin de célébrer le 375ème anniversaire de la ville de Montréal (qui aura lieu en 2017) avec une grande exposition de photos proposée par son magazine.
(Crédit Photo : Rozenn Nicolle)
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Ok, le poids des mots le choc des photos, toujours pour ceux qui peuvent les encaisser: du lourd. mais les poids plumes se multiplient vite ,et de plus en plus. Qu’est-ce que ce sera dans dix ans? Il jette l’éponge , sûr qu’il sera virer avant puisqu’il n’a pas la réponse. C’est pas très malin
Participez vous aussi à ce grand livre blanc pour la COP21, en envoyant vos photos avant le 15 novembre sur http://www.materre.photos et interpellez avec vos témoignages les dirigeants de la COP21.