Le producteur français et propriétaire de l’Olympia Montréal fête sa dixième année à la tête du théâtre de la rue Sainte-Catherine. Une décennie pour agrandir une salle qu’il avait pourtant destinée… à un ensemble de condos.
Par Théodore Doucet
Lorsqu’il rachète l’Olympia en 2006, Patrick Levy reconfigure tous les bâtiments qui passent sous sa main. En lofts, en condos. Le 1004 rue Sainte Catherine à Montréal est alors pour lui un simple « immeuble avec un théâtre en forme de chapiteau », dans lequel il voit le potentiel de rebâtir un édifice de 25 étages. La fin d’un théâtre homonyme de son fameux grand frère parisien ? C’est l’entourage artistique du Français d’origine marocaine et un projet ambitieux qui vont continuer à faire vivre la scène de l’Olympia : « Gad Elmaleh est un de mes premiers amis à avoir visité les lieux que je venais de racheter », se souvient-il. Il raconte que l’humoriste français est monté sur scène et lui a montré les poils qui se hérissaient sur ses bras, lançant : « quand j’ai ça, c’est qu’il y a quelque chose dans ce théâtre ». C’est alors que Patrick Lévy a réalisé la beauté des lieux. « A l’époque j’étais aussi en relation avec Arnaud Delbarre, alors directeur de l’Olympia de Paris, qui, avec mon associé Gérard Pullicino, m’ont convaincu de monter une comédie musicale, Sherazade », ajoute M. Lévy.
Ce projet est un point de départ pour le réaménagement total de la structure. Quatre millions de dollars sont investis pour créer un espace multifonctionnel à la capacité maximale de 2 700 spectateurs. Les bureaux entourant le « chapiteau » sont transformés en 75 condos : chassez le naturel… En parallèle, Patrick Levy monte sa société Revel Productions, à l’origine depuis, d’une grande partie des événements dans les prestigieux locaux. Le « musical » lancé en mars 2009 explose les compteurs avec plus de 100 000 entrées. Une révélation pour le quadragénaire à la fibre entrepreneuriale : « C’est grâce à ce succès que je me suis lancé entièrement dans l’exploitation de l’Olympia. »
Je me suis retrouvé dans ce métier par la force des choses
Si le directeur reconnaît ne pas vraiment connaître l’histoire de la salle (« J’ai retrouvé un jour un panneau »Arlequin » dans les sous sols, on m’a dit que c’était l’ancien nom »), sous sa coupole, l’ancien théâtre cinématographique, construit en 1925, est devenu une machine à succès. Une mécanique hybride. Ou comment passer d’un uppercut salé au « gala » de boxe le 12 mars prochain au son déchaîné du concert de Sean Paul le lendemain. Avec plus de 150 événements accueillis chaque année dans l’enceinte, l’Olympia génère de huit à dix millions de dollars de chiffre d’affaires. Aussi, le producteur, promoteur et directeur de salle a développé un carnet d’adresses très fourni dans le monde des artistes français, de Carla Bruni à Johnny Halliday en passant par la nouvelle vague, Birdy Nam Nam et L.E.J. En partie grâce à l’Olympia Paris, « même si les contacts se font plus rares depuis qu’Universal l’a racheté », la société de production parisienne Live Nation, également par des connexions de longue date comme Michel Boujenah, enfin par sa manière de travailler avec les artistes : « je m’occupe des artistes quand ils viennent, parfois depuis l’aéroport, je négocie les deals avec eux et ne laisse jamais quelqu’un d’autre faire cela que moi », détaille-t-il.
Son prochain défi sera de pérenniser le concept Une soirée avec…, initiée en juin dernier à la Place-des-Arts avec Al Pacino. Ramené sur la scène de l’Olympia, ce genre de rencontre entre une star et le public serait en passe d’attirer Stallone, Travolta, Schwarzenegger, ou encore Dustin Hoffman. À suivre…
La programmation du théâtre de l’Olympia
(crédit photo : Théodore Doucet)