Par Agathe La Tuque, blogueuse Swing la bacaisse dans l’fond d’la boîte à bois
Avez-vous déjà entendu parler des spectacles ethnographiques ou zoos humains ? Au 19e siècle, il était de coutume d’organiser ce type de manifestations à travers l’Europe et les Inuits du Canada ont bien participé, malgré eux, à ce type de manifestation…
Les terres canadiennes intriguaient déjà les Européens et les organisateurs de certains de ces spectacles virent rapidement un potentiel dans ces peuples vivant au nord du Canada. Un certain Carl Hagenbeck, grand pionnier des zoos humains avait espoir d’obtenir autant de succès avec les Inuits des terres du Canada qu’avec un groupe du Groenland qu’il avait exposé en 1877…
Nous nous sommes rendus au Centre Culturel Canadien à Paris pour assister à la conférence donnée par la chercheuse indépendante France Rivet afin d’en savoir un peu plus sur cette tragique histoire.
Ces Inuits du Labrador
En août 1880, deux familles Inuites décident de quitter le Labrador suite à la proposition de l’ethnologue et explorateur norvégien Johan Adrian Jacobsen. Leur traversée vers l’Europe durera environ 2 mois.
Parmi eux se trouve Abraham, un Inuk de 35 ans qui habite la communauté de Hébron. Abraham est accompagné de son épouse, Ulrike (24 ans), de leurs deux jeunes fillettes, Sara (3 ans) et Maria (9 mois), d’un jeune célibataire, Tobias (20 ans), ainsi que d’une famille païenne, originaire du fjord de Nachvak, composée de Tigianniak (45 ans), Paingu (50 ans) et leur fille Nuggasak (15 ans).
Abraham Ulrikab tiendra un journal de voyage jusqu’à son arrivée à Paris. Ensuite touché par la maladie, il sera dans l’impossibilité de poursuivre ses mémoires.
Voyage écourté par la variole
Les organisateurs du voyage oublient de vacciner les Inuits du Labrador contre la variole étant à l’époque très virulente en Allemagne.
Après quelques représentations de leur zoo, les trois premières victimes meurent en Allemagne.
Les cinq autres, dont Abraham, meurent à Paris.
France Rivet
Après une carrière comme consultante informatique, la Québécoise France Rivet, originaire de la région Montréalaise entame un changement de carrière à la suite d’un voyage vers l’île de Summerset au Nunavut.
Troublée et touchée par l’histoire de ces voyageurs Inuits qui n’ont pu connaître sépulture sur leur territoire, elle décide d’entamer des recherches indépendantes pour percer les mystères liés à leur disparition et à la conservation de leurs ossements en sol français.
Elle découvre que plusieurs sites comme le Muséum National d’Histoire Naturelle, le Cimetière de St-Ouen, l’Hôpital St-Louis ou le Jardin de l’acclimatation sont intimement liés à l’histoire de ce groupe d’Inuits.
Les dernières démarches de France Rivet permettront surement aux ossements canadiens retrouvés à Paris de rejoindre bien vite les terres du Labrador.
Pour en savoir + : polarhorizons.com/ Le Labrador: www.newfoundlandlabrador.com/ La page Facebook : www.facebook.com/pages/Sur-les-traces-dAbraham-Ulrikab/1599680840255867 (crédit visuel Une : Section de l’affiche utilisée en 1880 par le Carl Hagenbeck’s Thierpark pour annoncer la présence des Inuits. Collection Hans-Josef Rollmann – Horizons Polaires)]]>