Les chercheurs Félix Mathieu et Sabine Choquet ont donné leur vision de la diversité en France et au Canada, lors d’une conférence organisée le 13 mars par la Délégation générale du Québec.
Par Romain Lambic
La Délégation générale du Québec à Paris a organisé, le 13 mars dernier, une conférence regards croisés, sur le thème : « Identité, diversité et universalisme », sous le haut patronage de la déléguée générale, Line Beauchamp. Les discussions autour de ce sujet, et par extension sur la laïcité et les notions de multiculturalisme et d’interculturalisme, étaient passionnées. Pour animer cette discussion, la Délégation générale du Québec a fait appel au chercheur québécois Félix Mathieu et à la chercheuse française Sabine Choquet.
France : utiliser la diversité comme une force
Le premier a notamment remporté en 2018 le prix Ministère des Relations internationales et la Francophonie du Québec / Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour son livre « Les défis du pluralisme à l’ère des sociétés complexes », dans lequel il aborde le sujet de l’aménagement de la diversité au Canada et des concepts du multiculturalisme et de l’interculturalisme. Pour sa part, Sabine Choquet a écrit le livre « Unis par la diversité », dans lequel elle donne sa vision de la place de la diversité dans une France soucieuse de son unité nationale et de son identité. Elle offre une comparaison avec le Canada, où la diversité est selon elle un symbole de réussite.
« L’identité française est une nébuleuse de représentations, une manière de penser qui entre en conflit avec la crainte de perdre cette identité avec une trop grande diversité », introduit Sabine Choquet. Favoriser l’intégration des citoyens et lutter contre toute forme d’exclusion et de discrimination sont, selon elle, les clés pour accepter la diversité comme une force, et non pas la voir comme une menace pour le devenir culturel de la France. Elle souligne également que « l’exploitation politique de la diversité a des effets néfastes et discriminants, que cela créé des stéréotypes et exclut les minorités culturelles. (…) Le principe d’Égalité doit permettre de faire abstraction des différences »
Canada : multiculturalisme contre interculturalisme
Félix Mathieu a ensuite offert les visions québécoises et canadiennes de la diversité. Il a rappelé dans un premier temps que le Canada a traversé une grave crise identitaire dans les années 1960, avec une fracture entre les cultures anglophones et francophones. Alors qu’une commission royale s’était penchée sur un concept de bilinguisme et de biculturalisme, Pierre-Elliott Trudeau s’y est opposé et a ouvert la voie vers le multiculturalisme, qui permet de reconnaître la culture de chacun, et a instauré une politique d’intégration. Le Québec, quant à lui, préfère parler d’interculturalisme.
« L’identité du Québec a des origines hybrides et métissées, avec un ancrage américain tout en s’inspirant de la France républicaine. L’interculturalisme est vu comme un mélange de ces cultures fondatrices », indique Félix Mathieu, qui souligne toutefois la difficulté pour beaucoup de différencier interculturalisme et multiculturalisme. Quoi qu’il en soit, « le Canada a désormais pleinement embrassé la diversité culturelle », conclut-il.