Serge Bilé est un passionné d’histoire et de mémoire. Écrivain et journaliste en Martinique, ce franco-ivoirien raconte l’histoire de Joseph Laroche dans son dernier ouvrage, un Haïtien en charge de la conception du métro parisien, disparu dans le naufrage du Titanic en 1912. L’auteur est venu présenter son ouvrage la semaine dernière à Montréal, à de jeunes francophones des Amériques.
Le journaliste de RFO-Martinique aime travailler sur des sujets que l’on évoque peu. Il y a cinq ans, il a mis la main sur les archives familiales de l’ingénieur haïtien Joseph Laroche, et s’est mis en tête de raconter son histoire « singulière ». Il vient de publier « Le seul passager noir du Titanic ».
« C’est du patrimoine national, c’est l’histoire d’Haïti », assure M. Bilé. Dans son récit, que l’auteur qualifie de « document », on apprend que le héro, dont le grand-père était le bottier du roi Christophe, le premier empereur d’Haïti, est parti faire ses études en France ou il devient ingénieur. Il participe à la conception de la ligne de métro de la porte de La Chapelle, avant de s’embarquer sur le Titanic. On connaît la suite… « Ce qui était important c’était de raconter une histoire du Titanic qu’on ne connaît pas », justifie M. Bilé.
Enrichir la langue française des particularismes de la francophonie
Invité de la 5e édition du Forum des jeunes ambassadeurs francophones des Amériques, le journaliste martiniquais s’est dit « bluffé » de rencontrer des jeunes du Brésil, du Costa Rica ou du Honduras lui parler français « avec quelque chose de moderne et de chic ». Il raconte que l’on parle également français à Cuba. Selon lui le français se porte bien dans les Caraïbes. « Il y a une place prépondérante pour le français, mais le créole reprend de la vigueur », se réjouit l’écrivain.
Ce grand voyageur regrette pourtant que les particularismes qu’il observe dans les pays francophones qu’il visite, ne soient pas pris en compte. « La francophonie gagnerait à faire émerger toutes ces langues françaises issues de la langue française, et les rassembler dans quelque chose de nouveau », suggère le journaliste martiniquais. Il explique qu’aux Antilles, on parle français en le « créolisant », et indique qu’il a remarquer cette tendance aux particularismes au Québec. « J’aime le Québec pour ça! », soutient-il.
Quant au rôle de la France dans le développement de la francophonie, il estime que « si on allait chercher ailleurs ce qui peut enrichir la langue, on trouverait une francophonie peut-être plus vivante encore ».
(crédit photo : Conrad Vitasse)