L’évolution du soccer en Amérique du Nord est de plus en plus importante ces dernières années. L’Outarde libérée a rencontré deux entraîneurs français qui ont décidé de traverser l’Atlantique afin de travailler pour le centre de formation de l’équipe de l’Impact de Montréal.
Par Charlotte Lopez
Yoann Damet et Maxime Oliveri, tous les deux passionnés et entraîneurs de foot en France, ont décidé de tenter l’aventure québécoise à Montréal, en travaillant pour l’Impact de Montréal, une des franchises de la Major League Soccer (MLS) depuis 2012.
Après avoir séjourné plusieurs étés au Québec, Yoann Damet a finalement postulé en 2014 au centre de formation de l’Impact de Montréal pour un travail de coordonnateur technique à la pré-Académie et préparateur physique. Il fait aujourd’hui ce qu’il aime le plus, c’est-à-dire entraîner les U18, et il occupe aussi les fonctions de coordonnateur technique de la pré-Académie des équipes de 8 à 12 ans.
Rien à envier à la France
Selon lui, il n’existe pas de différences entre les centres de formation français et québécois : « Il y a beaucoup de similitudes avec ce qu’il se fait en Europe dans la qualité du travail et dans les projets qui se mettent en place, lance Yoann. Je pense qu’on n’a pas à rougir quand on se compare aux clubs français. »
Le programme de sport-études, qui est assez unique en Amérique du Nord selon lui en comparaison aux autres académies et formations en MLS, permet d’avoir des horaires aménagés pour les entraînements. C’est ce que remarque aussi Maxime Oliveri, arrivé à Montréal il y a presque trois mois pour entraîner les U12 du centre de formation et qui se sent déjà dans son élément : « Pour l’Impact de Montréal, les notes, les appréciations scolaires, mais aussi le comportement du jeune à l’école sont très importants, mentionne-t-il. Cet équilibre-là est recherché ici, alors que dans les centres de formation français, les jeunes qui rentrent sont exclusivement pris pour leurs compétences sportives et on regarde peu leur bagage scolaire. »
Selon Maxime, qui est totalement en accord avec ce système et fier d’en faire désormais partie, tout est pensé pour que le joueur puisse suivre son évolution tout en s’assurant que l’Impact puisse participer au développement de ses compétences sportives et motrices en termes de développement humain : « C’est un projet très intéressant, beaucoup plus structuré que dans d’autres clubs au Québec. »
Le respect est primordial
Concernant la relation entraîneurs-joueurs, Maxime a le sentiment qu’un lien plus respectueux qu’en France est établi entre lui et les jeunes. « Les valeurs de respect dans l’éducation sont très fortes à l’Impact de Montréal, on ressent une considération très importante des jeunes à l’égard de leurs entraineurs, déclare-t-il. Du coup, le climat d’apprentissage est bénéfique autant pour eux que pour nous. »
Yoann, de son côté, pense que ce lien est un peu plus facile ici, car en Europe, les jeunes touchés par le foot viennent d’un milieu plus populaire. « Les jeunes sont très attachants autant ici qu’en France, leur investissement est important, car ils ont un projet autant humain que sportif derrière, ils se donnent les moyens d’y arriver, lance-t-il. C’est plus facile de travailler pour un but commun : nous on veut qu’ils soient meilleurs et eux ils veulent aussi être meilleurs. » Pour lui, c’est très enrichissant, de pouvoir transmettre sa passion devant des jeunes réceptifs et à l’écoute qui ont envie de progresser et de prendre les conseils ou les critiques : « C’est un plaisir au quotidien, que ce soit ici ou dans n’importe quel pays, c’est la même chose. »
« En Europe le foot est très compétitif contrairement à ici »
Pour Maxime, la compétitivité qui existe dans le foot en Europe et qui est moins présente au Québec a son côté positif et négatif. « Ici, les joueurs à partir d’U13 ont peut-être moins cette envie de vouloir à tout prix gagner, cela se cultive et dans l’esprit moral des joueurs, ce sentiment-là est peut-être un peu délaissé, explique-t-il. Mais c’est clairement un bonus dans l’esprit d’équipe et la cohésion qu’ont tous ces jeunes ensembles. »
En effet, Maxime déclare que jusqu’à 12 ans, il n’y a pas de compétition au Québec : « C’est vraiment différent de ce que l’on peut voir en Europe ; le besoin ou l’objectif de résultats n’est pas présent. » Au centre de formation de l’Impact de Montréal, ce ne sont pas les compétitions qui importent le plus, mais plutôt le développement des jeunes : « On pourrait délaisser certains par rapport aux qualités d’autres joueurs, mais là, pas du tout, on intègre tous les joueurs ; le climat de travail et d’apprentissage est très bon et très serein. »
Laurent Ciman à l’Euro : un espoir pour les jeunes de l’Impact de Montréal
La présence du défenseur Laurent Ciman à l’Euro avec la sélection belge est un espoir et une marque de réussite pour les jeunes membres du centre de formation de l’Impact : « Ciman est un bel exemple pour les jeunes, c’est quelqu’un de déterminé, qui a de l’ambition et qui est récompensé de ses bonnes performances », mentionne Yoann Damet.
Sa présence à l’Euro « montre que le niveau de la MLS permet d’avoir des joueurs qui sont sélectionnables en Amérique du Nord, lance-t-il. C’est le parfait exemple du joueur qui pourra faire changer d’avis ceux qui pensent que de venir ici les priverait peut-être de certaines sélections. »
Le défenseur le plus utilisé par l’entraîneur Mauro Biello est, selon Maxime Oliveri, une belle vitrine pour le Québec : « On entend très peu parler de la MLS, donc c’est une bonne chose en terme de notoriété ; la fédération de soccer du Québec doit avoir une grande fierté de compter parmi ses licenciés un joueur de ce rang mondial-là. »
(crédit photo Une : Conrad Vitasse – l’entraineur Maxime Olivieri)