Le groupe La Femme était au Théâtre Corona le 25 Octobre pour jouer devant un public qu’ils commencent à bien connaître.
Elle n’en fini plus cette tournée : pour la deuxième fois en deux ans, le groupe La Femme était à Montréal pour se produire devant son public toujours aussi fidèle. Accompagné de Jacques et de sa calvitie calculée, le groupe passe un mois en Amérique du Nord pour jouer son album Mystère. Celui-ci, mélange de rock, d’électro, de jazz et de chanson française, a aidé à renforcer leur succès—déjà foisonnant—avec des titres incontournables comme Où va le monde, Sphynx, ou Elle ne t’aime pas.
Par Jacques Simon
De la musique pas banale
Entre Jacques et La Femme, le public du Théâtre Corona a assisté à un spectacle hors du commun. La première partie était donc assurée par un type encerclé de pédales à effets montés sur des planches, qui lui permet de construire un univers sonore à coup de bruits ordinaires. Maitrisant les cuillères, les bouts de plastique râpeux, et autres ciseaux comme personne, il les enregistre à la suite et couvre le tout d’effets vocaux et d’accords joués à la guitare.
Quant à La Femme, le groupe est composé à moitié de claviériste—trois sur six des membres—et, malgré son nom, est composé majoritairement d’hommes—quatre sur six. Le spectacle qu’ils assurent est orienté vers le public. Le groupe se fait porter par la foule, allume des joints sur le feu demandé au premier rang, et fait monter sur scène des fans. Entre eux, la dynamique est, là aussi fusionnelle. Les membres communiquent continuellement, échangent, dansent, se font passer chapeaux, bouteilles de bières et cigarettes. Malgré leur jeune âge, on a l’impression d’assister à un groupe qui se connaît, et c’est agréable.
En avant vers le passé
Entre La Femme et Jacques, ce qui ressort, cet intérêt retrouvé des nouvelles générations pour celles qui sont venues avant. Jacques avec son esthétisme du « vieux plouc » travaillé ; La Femme avec leur musique qui semble s’inspirer aussi bien de Piaf et des Pink Floyd que de Daft Punk.
Ce mélange entre passé et présent, entre ancien et nouveau, on le retrouve de plus en plus dans la musique qui sort de l’Hexagone. Beaucoup d’artistes puisent dans les racines musicales du lointain vingtième siècle pour redécouvrir et retravailler des styles qui avaient, un temps, paru désuets. Comme un pont générationnel, ces groupes nous permettent de choisir le meilleur de chaque époque pour en faire un tout passionnant. Biens qu’ils soient qu’au début de leur carrière, ils proposent déjà une nouveauté musicale.
L’Outarde Libérée a pu s’entretenir avec Sacha Got, guitariste du groupe, avant le concert
L’Outarde Libérée (OL) : La Femme a une relation particulière avec l’Amérique du Nord puisque c’est ici que le groupe a été établi en 2010…
Sacha Got (SG) : Oui, c’était la première fois qu’on partait hors de France pour faire des concerts. À l’époque on était que trois. C’était assez sauvage, on faisait des covoiturages, des trains, des trucs comme ça. Cette fois-ci c’est, je crois, la cinquième tournée et pour la première fois un a une méga bus. C’est vachement chouette (rires).
OL : Vous êtes des artistes francophones. Quel impacte est-ce-que ça a sur la scène internationale ?
SG : Il y en a qui disent qu’il vaut mieux chanter en anglais pour les pays anglophones. Finalement, on se rend compte qu’on peut très bien tourner à l’international en chantant en français. Ils aiment bien aussi !
Et puis, aujourd’hui il y a plein de personnes qui écoutent de tout avec internet. J’ai rencontré des américains qui m’ont fait découvrir des trucs français que je ne connaissais pas !
OL : Est-ce que la langue est une frontière selon vous ?
SG : Dans la musique je pense pas non. De façon plus générale on lit tous des romans qui viennent de l’étranger, on regarde tous des films qui viennent d’ailleurs… Pourquoi pas en français du coup ?
OL : La chanson Mycose (issu de l’album Mystère) fait rire. Pourquoi avoir choisi ce sujet là ?
SG : C’est le genre de sujet qu’on aborde dans un repas familial quoi ! C’est un peu délicat. Finalement, en chanson, c’est assez facile et marrant d’en parler. C’est un titre qui parle de plusieurs choses en fait, les hypocondriaques, les gens qui sont un peu maniaques… La musique aide à faire passer la pilule du propos !
OL : Plusieurs de vos chansons parlent de la vie parisienne. Comment y puisez-vous votre influence ?
SG : Chaque chanson est un fragment de vie quelque part, et il se trouve qu’on a habité dans cette ville là. Après, on fait des sorties partout dans le monde maintenant qu’on fait des tournées mondiales. Ça pourrait se retranscrire à d’autres endroits aussi, pourquoi pas Montréal !
OL : Est-ce que vous avez des influences canadiennes ?
SG : Je suis tombé sur un super groupe l’autre jour, c’est trois femmes avec une dégaine sixties… malheureusement le nom m’échappe mais la musique était super ! Après, il y a un mouvement Cajun que j’adore. Ça vient beaucoup du sud des Etats-Unis, mais il y a vraiment des trucs pas mal qui sortent du Canada.
OL : Vous avez un style musical assez complexe. Comment est-ce-que tu le définis ?
SG : Écoute, il y a plein de façons d’aborder cette question. Disons qu’on fait du rock-électro.
OL : Vous avez des projets ?
SG : On est sur des nouveaux enregistrements et des nouveaux clips. Pour l’instant on fait ça. Il y a du nouveau contenu qui va sortir dès que possible.
OL : Et vous reviendrez à Montréal nous rendre visite ?
SG : Ah bah forcément ! Si le groupe n’est pas éclaté et qu’il y a un nouvel album, c’est sur qu’on fera une tournée nord-américaine et qu’on passera ici !
En attendant un retour probable à Montréal, le groupe La Femme reprend sa tournée en France, avant un concert mémorable au Zénith de Paris le 21 janvier prochain.