Ce long métrage d’animation sorti le 10 décembre, réalisé par Aurel, raconte l’histoire de Josep Bartoli, un dessinateur caricaturiste né en 1910 à Barcelone, militant catalan, partisan convaincu de la République. Engagé contre la dictature de Franco, il sera détenu, en 1939, dans un camp de réfugiés français ou règnent famine, misère et brutalité. C’est là que naitra son amitié avec Serge, un gendarme peu conventionnel puisque aussi ami avec les tirailleurs sénégalais que ses collègues maltraitent à souhait. Le film le suit ensuite jusqu’à sa fuite au Mexique où il devient l’amant de Frida Kahlo. Le récit est ponctué de retour au présent, où un grand-père, Serge, mourant raconte l’histoire à son petit-fils.
Aurel, de son vrai nom Aurélien Froment, est un dessinateur de presse travaillant pour Le Monde et Le Canard Enchainé́. Dessinateur-reporter, il publie depuis 2007 un grand reportage par an dans Le Monde Diplomatique, co-signé avec le journaliste Pierre Daum. En 2011, il coréalise avec Florence Corre Octobre Noir, son premier court métrage. Josep est son premier long métrage.
Josep a fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes 2020 en plus d’être récipiendaire de nombreux prix internationaux : le César 2020 du meilleur film d’animation, le prix du cinéma européen du meilleur film d’animation 2020 et le prix du meilleur long métrage de fiction international du Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA) 2020 ou les prix de la critique et de la jeunesse du Festival du film de l’Outaouais 2021
Les voix des personnages principaux sont interprétées par Sergi López (Josep), Gérard Hernandez (le grand-père), David Marsais (Valentin) et Valérie Lemercier (la mère de Valentin).
En fait, Josep n’est pas un film d’animation, mais une œuvre de mémoire qui rappelle un chapitre méconnu de l’histoire de France, tout en rendant hommage à l’art graphique. En effet, le récit de Serge et de ses efforts pour aider son ami fusionne ainsi avec des traits sombres, rageurs et virtuoses de Josep, témoignant, sur papier, du quotidien du camp. Puis, c’est le noir des corps décharnés des prisonniers ; tragédie à laquelle succèdent le pastel, l’orange flamboyant et le bleu maya d’une Frida Kahlo, apparition pleine de vitalité, presque de truculence.
De plus, Josep est dédié au caricaturiste Tignous, une des victimes de Charlie Hebdo.
Mon seul regret est que, dans la version que j’ai vue, les dialogues en espagnol (et ils sont nombreux) ne sont ni sous-titrés, ni traduits. Cela est dommage car cela ne permet pas de suivre totalement l’histoire de ce film magnifique.