Le 17 mars dernier, Marie-Anne Coninsx est venue plaider la cause de l’AECG devant le CORIM à Montréal. Diplomate aguerrie, l’ambassadrice de l’Union Européenne affirme que cet accord entre l’Europe et le Canada, est un modèle à suivre.
« Cet accord va compter au-delà de nos juridictions », affirme Marie-Anne Coninsx, en évoquant l’Accord Économique et Commercial Global (AECG) conclu entre l’Union Européenne (UE) et le Canada en 2015. La diplomate belge, voix de l’Europe au Canada, indique que l’accord va bien au-delà d’un accord économique, puisqu’il intègre des normes sociales, de santé, de sécurité, et environnementales. « C’est une source d’inspiration pour les échanges commerciaux », ajoute la diplomate.
Une mise en oeuvre rapide
Au-delà de l’abolition des barrières tarifaires, Mme Coninxs voit « des avantages considérables » à cet accord, qui pourra entrer en application après avoir été traduit et approuvé par les instances parlementaires de tous les pays concernés. « Au moins 90% de l’accord pourra être mis en œuvre rapidement en Europe », estime la diplomate. La clause controversée, sur le règlements des différends entre investisseurs et États a été amélioré, selon Mme Coninsx. De son côté, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, s’est dit favorable à l’AECG, qui pourrait entrer en application dès 2017.
L’accord permettra un échange de savoir-faire et de connaissances entre les Canadiens et les Européens, notamment en matière de haute technologie. Il intègre les économies provinciales et locales, et pas seulement fédérale. Selon la diplomate, les PME pourront également retirer profit de cet accord. Elle rappelle que l’AECG prévoit la libéralisation des services, secteur qui constitue 77% du PIB des économies européenne et canadienne.
La mobilité professionnelle est également au menu de l’accord, et l’ambassadrice prévoit de futures reconnaissances mutuelles de qualification entre le Canada et l’Europe. D’après les projections des spécialistes économiques, le commerce bilatéral entre les deux continents devrait augmenter de 23%.
La Turquie ne remplit pas les conditions de l’adhésion à l’UE
La diplomate européenne s’est dit très impressionnée par la politique énergétique « propre » du Québec. Elle affirme que l’Europe doit assurer sa sécurité énergétique, et que le pétrole de l’Alberta, s’il est acheminé jusque dans l’est du Canada, pourrait trouver un débouché en Europe. La dépendance au gaz russe semble lourde pour certains pays européens. Quant au débat d’une éventuelle sortie de l’UE, en discussion actuellement en Grande-Bretagne, la diplomate s’est contentée de rappeler que les Britanniques sont des partenaires importants. Elle a également balayé d’un revers de main la « prétendue crise de l’Euro ».
La crise européenne des migrants fut également évoquée par Mme Coninsx. Elle a insisté sur la réponse globale et solidaire de l’Europe sur ce dossier, qui a déjà accueilli plus de 1,3 million de réfugiés. Elle assure que les frontières dessinées avec l’accord de Schengen ne sont pas remises en cause, même si on doit les renforcer, éventuellement avec une force de contrôle européenne. Selon elle, le rôle joué par la Turquie dans cette crise (accord entre l’UE et la Turquie signé le 18 mars), ne présage en rien de l’adhésion de ce pays à l’UE. « Pour l’instant, la Turquie ne remplit pas les conditions de l’adhésion, loin de là », lance la diplomate européenne. Elle évoque des règles très strictes, notamment en matière de droits de l’homme, mais affirme que les négociations continuent.
(crédit photo : Nathalie Simon-Clerc)
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