En pleine crise des « gilets jaunes », le Président de la République Emmanuel Macron annonçait le 27 novembre dernier la mise sur pied d’un Haut Conseil pour le climat, un organe consultatif indépendant chargé de conseiller le gouvernement en matière de transition écologique. Et depuis ? Silence radio.
Par Audrey Le Monnier et Sandrine Bourque
Piloté par la climatologue franco-canadienne Corinne Le Quéré, le Haut-Conseil pour le climat est composé de douze scientifiques, économistes, ingénieurs et experts dont l’ancienne ambassadrice pour le climat Laurence Tubiana, les économistes Alain Grandjean et Céline Guivarch ainsi que la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte.
Dès l’annonce de sa création, la nouvelle structure n’a pas été épargnée par les critiques de politiciens et sommités du monde de l’environnement, notamment Jean-François Julliard, Président de Greenpeace France.
Ce dernier avait dénoncé sur Twitter la multiplication des instances pour accompagner la transition énergétique : « Il existe déjà un conseil national pour la transition écologique, un conseil environnemental, un ministère de l’écologie… Le climat n’a pas besoin d’un énième comité, mais de mesures fortes pour mettre en place les solutions déjà connues ». Cette critique a également été soulignée par Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement.
Qu’à cela ne tienne, le Haut-Conseil verra bien le jour. Chaque année, ses membres auront la responsabilité de rendre un rapport évaluant notamment le respect de la trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre, l’impact et la cohérence des mesures prises par l’exécutif. Une analyse mise en perspective au regard de sa compatibilité face au développement économique, social et environnemental.
L’instance analysera également les actions françaises vis-à-vis des autres pays et émettra les recommandations et propositions nécessaires pour améliorer l’apport de la France en matière de transition écologique sur la scène internationale.
Un « coup de comm’ » du gouvernement Macron ?
Plus d’un mois et demi après la mise sur pied du Haut-Conseil pour le climat, le plan d’action de la nouvelle instance est toujours inconnu. Invité sur les ondes de RTS le 3 janvier dernier, l’ingénieur français Jean-Marc Jancovici, membre du Haut-Conseil pour le climat et président du laboratoire d’idées « The Shift Project », a ainsi reconnu que le Haut-Conseil est toujours en attente d’un texte précisant son champ d’action.
Conscient que le public « attend de nous [que l’on donne] un avis » sur la façon de piloter la transition écologique, l’ingénieur français a rappelé qu’il n’y a « pas de solutions faciles en ce qui concerne la lutte aux changements climatiques ». Paraissant vouloir ménager la chèvre et le chou, Jean-Marc Jancovici a par ailleurs souligné la difficulté de trouver un équilibre entre les positions « pro-planète » et « pro-business ». Mais des actions seront posées, a-t-il assuré.
La création d’un Haut-Conseil pour le climat ne servirait-elle qu’à donner bonne conscience environnementale au gouvernement Macron ? « Il y [a] nécessairement un peu de ça, la création de cette instance relève de l’effet de façade », a reconnu M. Jancovici sur les ondes de RTS. « Mais c’est ce qu’on arrivera à en faire qui compte, notamment la portée médiatique de nos avis », a-t-il ajouté.
[ Crédits photo : Babelio ]