crédit visuel : Édition Alto
Journaliste et éditrice, Marie Hélène Poitras a également été cochère pendant quelques années dans le Vieux-Montréal. Ce travail lui a inspiré son second roman, Griffintown, paru en 2012. En octobre 2013, ce livre a remporté le prix France-Québec.
Griffintown est le nom donné au quartier sud-ouest de Montréal où se situent les écuries des calèches que l’on retrouve habituellement sur le Vieux-Port de la ville. Dans cet univers aux abords du Canal Lachine surviennent deux événements qui vont perturber le monde des cochers. En effet, le patron d’une des écuries est mystérieusement retrouvé dans les eaux du canal tandis que le même jour, dans son écurie, commence à travailler une jeune fille passionnée de chevaux qui veut devenir cochère.
Dans cet ouvrage, l’auteur qui joue avec ses «histoires de cochers depuis des années sans savoir comment les lier» tente un portrait romancé, mi-thriller sociopolitique, mi-western spaguetti à «la sauce Sergio Léone». Dommage mais la sauce n’a pas pris complètement !
En effet, l’auteur est passionnée par les chevaux et cela se sent. Toutefois, cela ne suffit pas pour créer une œuvre intéressante puisque, par exemple, il faut attendre la soixantième page pour qu’intervienne la découverte du corps du propriétaire de l’écurie et que démarre, enfin, l’intrigue. De plus, l’auteur s’enferme parfois dans des descriptions nombreuses et répétitives…. n’est pas Proust ou Zola qui veut !
Enfin, il est parfois malaisé de situer historiquement l’intrigue parce que les descriptions et l’histoire font inévitablement penser au XIX siècle tandis que le récit est parfois émaillé de termes et de références très actuelles (caravane, cellulaire…). A la place, on aurait aimé vivre l’histoire au temps des immigrants irlandais qui ont fondés ces premières écuries.
Bref, il est indéniable que ce roman plaira à une partie jeune de la population qui veut découvrir Montréal d’une manière insolite ou encore aux amateurs de romans «sociologiques». Par contre, je ne suis pas convaincu qu’il répondra aux attentes des amateurs de mots, ceux que la littérature passionne parce que les auteurs peuvent jongler et assembler de simples mots pour créer une œuvre véritable.
Néanmoins, les droits auraient d’ores et déjà été achetés pour une diffusion en France, pour une traduction anglaise et, ensuite, pour une adaptation cinématographique.
Griffintown, de Marie-Hélène Poitras, aux éditions Alto
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Marie Hélène Poitras, née en 1975 à Ottawa, vit aujourd’hui à Montréal où elle est journaliste musicale et éditrice de la Zone d’écriture de Radio-Canada. Elle publie, en 2002, «Soudain le Minotaure» qui lui vaut le Prix Anne-Hébert et de nombreux saluts de la critique.