Nicolas Chapuis multiplie les rencontres avec la presse, donne des conférences et sillonne le Canada. Hier, le nouvel ambassadeur de France à Ottawa était l’invité du CORIM à Montréal, pour évoquer les axes de collaboration économique entre la France et le Canada. Mais le discours du diplomate a vite tourné au plaidoyer pour tenter d’amener Stephen Harper à Paris en décembre prochain à la prochaine conférence sur le climat.
Le style tranche avec son prédécesseur. La diplomatie feutrée a vécu. « Je ne suis pas insistant, je suis dynamique », lance Nicolas Chapuis, le nouvel ambassadeur de France au Canada, lorsqu’il évoque le dossier de la « COP21 ». Invité du Conseil des Relations Internationales de Montréal (CORIM), il a rapidement évacué les questions économiques pour se livrer à son exercice favori depuis son arrivée il y a deux mois.
Le Canada à Paris… à tous prix !
« Nous attendons que le Canada soit à bord de la COP21 », s’exclame le diplomate devant 300 personnes du milieu des affaires montréalais. Le ton se veut convaincant, le geste appuie le propos, et le diplomate prend son auditoire à témoin lorsqu’il évoque les catastrophes climatiques qui guettent la planète. « Si nous ne sommes pas capables de nous entendre à Paris, nous ne pourrons éviter les crises humanitaires, économiques, alimentaires ou sécuritaires », prévient-il.
L’ombre de Stephen Harper plane dans le salon de l’hôtel Reine-Élisabeth de Montréal, où ont pris place Denis Coderre, Pierre-Marc Johnson, et Raymond Chrétien. Nicolas Chapuis concède qu’Ottawa n’a pas encore réagi à sa croisade climatique, mais il se félicite des négociations engagées avec Louise Métivier, Directrice d’Environnement Canada. Pourtant le gouvernement conservateur a annoncé cette semaine qu’il ne divulguerait pas ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES) pour le moment, évoquant la difficulté de compiler les cibles des provinces. Il est ainsi le seul pays de l’ALENA à n’avoir pas respecté la date du 31 mars fixée à Lima en décembre dernier. Mercredi, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a exhorté Ottawa à dévoiler ses cibles.
Ottawa pris entre Paris et les Provinces
L’ambassadeur Chapuis lui a donné hier un appui complice en rappelant la compétence partagée entre les gouvernements fédéral et provinciaux dans le domaine de l’environnement. Il distribue les bons points, cite la Colombie-Britannique, l’Ontario et bien-sûr le Québec, en constatant que « chacune des provinces est un laboratoire de solutions ».
« Le socle est provincial, c’est là où se trouve la majeure partie des compétences, mais il faut une harmonisation fédérale »
Il taquine Denis Coderre, provoquant l’hilarité de l’auditoire, en indiquant que Vancouver s’est promise de devenir la première ville canadienne « carbon neutral ». Le 14 avril, les provinces canadiennes se rencontreront au cours d’un sommet consacré au climat. « Le socle est provincial, c’est là où se trouve la majeure partie des compétences, mais il faut une harmonisation fédérale », argumente Nicolas Chapuis.
Puis il démonte les arguments des climato-sceptiques en les invitant à lire le rapport du GIEC, et se met à envier le mix énergétique du Canada qui, avec 75% d’énergies renouvelables, en fait l’un des pays les plus avancés dans la transition énergétique. « Le Canada est très bien placé, il doit être un leader à Paris », renchérit Nicolas Chapuis, pour ceux qui avaient encore un doute sur sa croisade climatique.
Montréal, métropole du 21e siècle, plate-forme pour le Canada
« On a plein de sujets avec Denis Coderre », annonce l’ambassadeur Chapuis, qui évoque les célébrations du 375e de Montréal, le rôle de la métropole dans la COP21 ou la francophonie au Canada. Comme le maire de Montréal, le diplomate croit à la métropolisation. « On a besoin de Montréal, métropole du 21e siècle, comme plate-forme pour le Canada », ajoute l’ambassadeur de France. Évoquant les visas des stagiaires français récemment verrouillés par Ottawa, il affirme être en discussion avec les autorités canadiennes, et reste optimiste pour obtenir des dérogations en fonction des cas recensés.
(crédit photo : Nathalie Simon-Clerc)
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