Si vous comptez en giga ou en tera, vous êtes loin du compte. L’entreprise française OVH développe déjà ses serveurs en yotta, norme à l’horizon 2020. Le directeur général du groupe, Laurent Allard, était au Québec la semaine dernière pour inaugurer les nouveaux locaux d’OVH, au cœur de Montréal, et afficher ainsi ses ambitions américaines.
« Ce qui se passe au Canada s’inscrit dans une croissance d’entreprise », affirme Laurent Allard. Le directeur général du groupe européen OVH affiche les ambitions de l’entreprise. Son nouveau siège nord-américain, au cœur de Montréal, s’étend sur 17 800 pieds carrés et peut accueillir 150 salariés, soit le double de l’effectif actuel. Arrivée en 2012 en sol québécois, OVH héberge déjà 40 000 serveurs à Beauharnois, sur la rive sud de Montréal, avec une capacité de 360 000. Dans le monde, l’entreprise, fondée par Octave Klaba dans les années 2000, héberge 18 millions d’applications web et 4,5 millions de boites courriel, dans ses data-center, pour 930 000 clients. OVH est le 1er hébergeur de boites aux lettres Exchange dans le monde en dehors des États-Unis.
« Nous sommes également un partenaire stratégique pour les grands acteurs classiques comme Microsoft, Cisco ou VmWare », rappelle Laurent Allard.
Partager
Mais c’est aussi le partage qui anime l’entreprise française. « Nous voulons travailler avec ceux qui ont des domaines d’expertise complémentaires aux nôtres, et qui veulent partager de la connaissance », expose le directeur général. Selon lui, les nouvelles technologies sont dans une logique d’accélération, et personne ne pourra se positionner seul pour être le leader de demain.
[caption id="attachment_12394" align="alignright" width="300"] Lionel Fumery, directeur d’OVH Canada, en compagnie de Laurent Allard, CEO du groupe OVH[/caption]D’ailleurs OVH va lancer le Digital Launch Pad Program dès décembre 2015. Véritable programme d’accompagnement des start-up, OVH va mettre à la disposition des innovateurs en herbe, des ressources et de la formation durant quelques mois pour permettre de développer des prototypes. « L’innovation c’est notre ADN », justifie le directeur général du groupe. Cette initiative fait écho à la serre OVH, dont le projet pilote est implanté à Montréal, et qui permettra très prochainement, à de jeunes start-up de développer leurs projets sur les serveurs OVH, à l’abri des bureaux canadiens. Symbole de ce partage, OVH Canada veut mettre son espace de réception, situé au cœur de ses nouveaux locaux, à disposition de partenaires désireux d’organiser des 5 à 7. C’est également au nom du partage, qu’OVH a initié, avec des entrepreneurs français de Montréal, une demande de labellisation « French Tech Hub » pour la métropole québécoise.
L’explosion des données
Selon Laurent Allard, l’enjeu du secteur, c’est l’explosion des besoins en données, et la douloureuse question de leur hébergement. « La plupart des centres de données actuels ne sauront pas traiter ces données dans des conditions économiques satisfaisantes », se réjouit le directeur général. En effet, OVH a mis au point un système unique de refroidissement de ses serveurs, qui lui permet de baisser considérablement ses coûts. « Nous savons proposer du giga à un centime d’euro », soutient-il. L’entreprise estime que les besoins vont se décliner en peta, exa, zetta et en yotta, et non plus en tera. « À chaque fois, c’est 1000 fois plus! », assène M. Allard. D’ailleurs, OVH prévoit d’ouvrir 12 nouveaux data-center en Europe, Asie-Pacifique et États-Unis, dans les 18 mois qui viennent.
C’est la prolifération des objets connectés (IOT : Internet Of Things) qui est la source de ce besoin accru en données. Alors qu’il y a cinq milliards d’objets connectés dans le monde aujourd’hui, il y en aura 50 milliards en 2020, et 500 milliards en 2025. « Les applications sont de plus en plus gourmandes en données », évalue Laurent Allard.
C’est précisément ce besoin constant d’innovation qui a conduit OVH à restructurer sa direction, révélant ainsi l’importance qu’elle accorde à ce secteur. Son dirigeant historique et fondateur, Octave Klaba, a laissé les rênes de la direction opérationnelle à Laurent Allard en 2015, pour se consacrer à plein temps au développement technique, et un centre de Recherche et Développement (R&D) a été créé à Québec au printemps 2015.
[caption id="attachment_12406" align="alignnone" width="640"] L’explosion des données dans les cinq prochaines années, expliquée par Laurent Allard[/caption](crédit photo : Nathalie Simon-Clerc)
]]>