Alors que les électeurs de la 1ère circonscription d’Amérique du nord s’étaient donné une députée en juin dernier, ils pourraient de nouveau tourner le dos à la gente féminine les 5 et 19 mai prochains. Tant en France qu’au Québec, la féminisation de la classe politique reste laborieuse.
Avec l’annulation de l’élection de Corinne Narassiguin, les Français d’Amérique du nord perdent non seulement leur députée, mais aussi une femme pour les représenter. Pour l’heure, aucune femme ne s’est déclarée candidate pour l’élection législative partielle. Les candidats masculins cherchent pourtant désespérément cette « touche féminine », mais à titre de suppléante seulement. Damien Regnard a déjà choisi Virginie Beaudet à ce poste.
En France, le mouvement est lent. Tous les gouvernements affirment leur volonté d’accueillir plus de femmes dans la vie politique, mais les faits sont têtus : 22% de femmes au Sénat, 27% à l’Assemblée nationale et 14% à la tête des communes françaises. Le gouvernement Ayrault est néanmoins le premier, après l’expérience avortée des « Jupettes » (1), à appliquer une stricte parité au sein du gouvernement. Dans son projet de loi de réforme de l’Assemblée des Français de l’étranger, actuellement débattu à l’AFE, ce même gouvernement souhaite que les listes de candidats soient composées alternativement d’hommes et de femmes. Mais combien seront têtes de liste ?
Simone Veil et Christiane Taubira passeront certainement à l’histoire, mais la première femme Premier Ministre d’un gouvernement français, Edith Cresson en 1991, fut tellement raillée qu’elle a du démissionner au bout de quelques mois. Quelque vingt années plus tard, la moitié des Premiers Ministres des dix provinces canadiennes sont des femmes, dont une ouvertement lesbienne. Pourtant, comme en France, le taux de « féminité » à la Chambre des communes d’Ottawa n’est que de 22%, et 28% dans les circonscriptions québécoises.
L’année dernière, les Québécois ont élu Françoise David, figure du féminisme, à l’Assemblée nationale du Québec, et pourtant, le gouvernement péquiste de Pauline Marois ne compte que huit femmes dans ses rangs (sur 23 ministres). À peine un tiers des députés à l’Assemblée nationale du Québec sont des femmes.
Le mouvement est laborieux, et le 8 mars, journée internationale de la femme, est toujours l’occasion de rappeler la sous-représentation des femmes dans les instances politiques. Interrogés sur le sujet, les hommes se plaignent de rencontrer des difficultés pour convaincre les femmes de se présenter aux suffrages populaires. Auraient-elles mieux à faire ?
(1) En 1995, le Premier Ministre Alain Juppé féminise considérablement le gouvernement en nommant douze femmes sur les 43 ministres. Elles sont appelées les « Juppettes », mais l’expérience ne dure que six mois.