Bons baisers d’Afrique (ou Alerte rouge en Afrique noire, en France), la dernière adaptation d’OSS 117 présentée en dernière séance du 74e Festival de Cannes, après la cérémonie de clôture arrive sur les écrans du Québec.
Dans ce film, à peine évadé des geôles russes en Afghanistan, en 1981, Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS 117, (Jean Dujardins) n’est pas renvoyé en mission, mais affecté au service informatique, comme un agent secret passé de mode qui serait mis au rencart.
A sa place, l’agent OSS 1001 (Pierre Niney) se rend en Afrique pour assurer la réélection à 84% du président Bamba afin qu’il puisse continuer à servir les intérêts de la France. Pour accomplir cette mission, Il doit freiner les tentatives des membres de la résistance qui cherchent à faire tomber le régime dictatorial de Bamba. Mais un jour, plus rien ne va puisque OSS 1001 ne répond plus. OSS 117 est envoyé à son secoures pour le trouver et mener à bien la mission. C’est là que tout « dérape »…
OSS 117 constitue, en fait, une série de 250 romans d’espionnage créée en août 1949 par l’écrivain français Jean Bruce, et reprise à sa mort par son épouse puis par ses enfants. Elle propose de suivre les aventures d’un agent secret américain, descendant d’une vieille famille française, Hubert Bonisseur de La Bath, dont « OSS 117 » est le matricule au sein de l’Office of Strategic Services. La série est l’une des premières du genre en Europe puisque Ian Fleming n’inventera James Bond qu’en 1953.
Dans cette adaptation, Nicolas Bedos succède à Michel Hazanavicius qui avait signé les deux précédents films de la série OSS 117 (OSS 117, Le Caire, nid d’espions, en 2006, et OSS 117 : Rio ne répond plus, en 2009). Là où Hazanavicius avait une mise en scène simple et traditionnelle pour coller aux films des années 50 qu’il parodiait, Bedos opte pour quelque chose de plus moderne : plus de gros plans, plus de mouvement, voire même certains effets volontairement kitch, comme ces zooms très rapide ou ces fonds verts à la fraise.
De plus, si les deux premiers épisodes étaient des pastiches d’une série de longs métrages réalisés dans les années 60 pour parodier James Bond, cet opus ironise davantage sur le personnage même d’Hubert Bonisseur de La Bath, mâle blanc vieillissant, balourd et dépassé, qui s’embourbe dans le politiquement correct. Cependant, j’ai regretté que chaque comportement ou propos sexiste, raciste ou colonialiste de l’agent secret soit présenté comme une gaffe et soit assorti d’un commentaire voulant à tout prix rassurer : attention, c’est le ressenti du personnage et pas celui du scénariste. Cela alourdit inutilement le film, un peu comme si la peur des réactions des tenants de l’ordre moral limitait l’habituelle dérision et l’humour noir qui se dégagent de ce type de film.
En effet, lors de son arrivée en Afrique, OSS 117 qui est persuadé que «les africains sont joyeux, sympathiques, et dansent bien» surjoue son rôle de « voyageur de commerce » car son supérieur l’a prévenu qu’en Afrique «nos amis voient du racisme partout». Il en fait donc des tonnes, refusant, par exemple, qu’un groom noir de son hôtel lui porte ses valises. Il lance alors «Mais qu’est-ce que c’est que ces préjugés ?»
De même, le machisme attribué habituellement aux agents secrets en prend aussi un coup car, bien qu’il soit macho et homophobe, notre héros semble réduit à l’impuissance sexuelle et dépassé par OSS 1001. Et on aurait pu s’attendre à plus de ressort de la comparaison 117-1001, tant le personnage de Pierre Niney, métrosexuel en diable est lumineux… sauf pour le très drôle épisode du phantasme homo-érotique d’OSS 117 qui n’est pas sans rappeler, bien que plus affirmé ici, celui du précédent film…
La bande annonce: