Le salon du design de Montréal 2014 (SIDIM) s’est déroulé du 22 au 25 mai. La place Bonaventure accueillait pour l’évènement des designers d’intérieurs, des artistes, des architectes, des commerciaux,… plusieurs corps de métiers qui jonglent entre créativité et entrepreneuriat. Entre oeuvres futuristes et objets épurés, quelques Français étaient venus présenter leurs créations.
La rigidité de la France est un mot qui revient bien souvent dans la bouche des ces amateurs de belles choses en exil. Dans l’espace galerie du salon, l’artiste Maev raconte pourquoi elle est tombée amoureuse du Québec après avoir vécu, peint et exposé en France. « En Amérique du Nord les gens aiment les couleurs, en France c’est plus traditionnel », précise-t-elle.
Pour la peintre québécoise Lana Grenben, la France reste cependant la première source d’inspiration. L’artiste a obtenu la médaille d’étain de l’académie des sciences, arts et lettres de Paris et confesse avoir adoré son séjour auprès du public français. « Dans l’histoire de l’art, plusieurs peintres québécois sont partis chercher l’inspiration à Paris. Le marché de l’art s’est déplacé à New-York City mais en ce qui concerne l’inspiration, selon moi, c’est toujours à Paris que ça se passe », justifie-t-elle.
le Québec au coude à coude avec la France
L’univers du design québécois est plus ouvert qu’en France, selon Maeva Boucher, venue poursuivre ses études de design au CEGEP de Rivière-du-Loup. Devant les panneaux présentant le projet sur lequel elle a travaillé dans le cadre de son DEC, la jeune femme dresse un constat peu reluisant de la situation du design français: « Au Québec, le design est assez jeune, il y a plein d’opportunité, alors qu’en France tout est déjà bouché », dénonce-t-elle.
Pour Maeva, l’intégration au Québec exigeait la reprise des études et c’est avec enthousiasme qu’elle a découvert la pédagogie québécoise, très différente de l’enseignement qu’elle a reçue dans son BTS francais. « En France, les cours sont basés sur le concept, la philosophie, le symbolisme…tout est très psychologique. Ici c’est plus concret, j’ai travaillé sur de vrais projets, avec de vrais clients », précise la jeune femme.
Pourtant, la formation, c’est peut-être le point fort des Français, selon Marie-Laure Laurent co-fondatrice du magasin de décoration montréalais Inhoma design. « Les Québécois sont très pro sur tout ce qui est technologique, pour la création aussi, mais au niveau de la fabrication nous avons une meilleure réputation», explique-t-elle. La décoratrice pense également que ses clients apprécient l’originalité des produits qu’elle propose. « L’approche du produit est moins standardisée en France qu’au Québec », souligne-t-elle.
L’éternelle rengaine des entrepreneurs exilés
Après avoir tenu un magasin de décoration dans les Alpes francaises, Marie-Laure et son mari ont eu envie de tenter l’aventure québécoise. Le couple se félicite de la facilité avec laquelle ils ont pu monter leur boutique au Québec. « Ici, on réussit ou pas mais on est les bienvenus. Après, il faut quand même faire son trou, se faire connaître », remarque Marie-Laure.
Même écho au stand Karibu, une boutique d’objets du monde montée par Quentin Bordat, designer graphique dans une vie antérieure. « Je pense que je n’aurai pas pu faire tout ce que j’ai fait ici en restant en France », annonce d’emblée le jeune homme. Aujourd’hui il parcourt le globe à la recherche d’objets originaux et se consacre à la promotion de sa boutique.
Qu’ils soient artistes ou commerciaux, les Français du salon du design ont conscience de l’opportunité qui leur est offerte de s’exposer. « J’ai eu quelques propositions de projets, rien n’est gravé dans le marbre mais ça me fait des contacts en plus », explique Maeva. Le SIDIM leur permet en effet de rencontrer le public mais propose également des activités de réseautage.
(crédit photo : Barrisol)